Huile de palme: Bricq comprend les Malais
Le 07 juin 2013 par Marine Jobert
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Les quelque 300.000 producteurs malais de l’huile végétale la plus consommée au monde ont usé d’arguments chocs pour interpeller la ministre du commerce extérieur Nicole Bricq lors de son passage en Malaisie. En cause: les «campagnes de dénigrement» lancées par des enseignes françaises contre de cette huile, dont la Malaisie a produit à elle seule 19 millions de tonnes en 2012. «Nous appelons le gouvernement français à se démarquer publiquement des actions de ces multinationales et de condamner leur agression à l’endroit des petits producteurs d’huile de palme», explique Datuk Aliasak Ambia, le président de l’association nationale des petits producteurs (Nash) au journal malais Business Times. Cela fait plusieurs mois que des marques comme Casino, Système U, Findus, Lesieur, Lays et Jacquet ont supprimé l’huile de palme de certaines recettes ou diffusé des publicités vantant les bienfaits de produits sans huile de palme. En décembre 2012, le tribunal de commerce de Paris avait d’ailleurs condamné Système U, assigné par des producteurs de Côte d’Ivoire, à cesser toute diffusion de publicité incriminant l’huile de palme.
«Cette campagne française n’est pas basée sur des faits et des chiffres, mais sur l’exagération et l’émotion», fait valoir le syndicat. «La réalité, c’est que l’huile de palme est l’huile végétale la plus efficace dans le monde, avec une production 7 fois plus importante que la production d’huile de colza française. En termes de balance énergétique, cela nécessite moins de soleil de produire une unité d’huile de palme que n’importe quelle autre huile végétale.» Et de brandir la menace de rétorsions économiques: «Pourquoi la Malaisie devrait-elle signer un accord commercial avec l’Union européenne quand des entreprises françaises attaquent avec véhémence nos produits et hypothèquent la chance de beaucoup de familles malaisiennes de gagner décemment leur vie?»
Selon l’AFP, l’entourage de Nicole Bricq assure que la ministre «comprend l'émotion des planteurs et que ce sujet va bien au-delà d'un sujet commercial puisqu'il s'agit de tout un pan de l'économie malaisienne». Elle a assuré au ministre malais du commerce international et de l'industrie, Mustapa Mohamed, que le sujet était suivi par les autorités françaises et qu'elle en parlerait directement au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui doit se rendre prochainement dans la région.
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