Greenpeace s’oppose au projet de Total à Polytechnique
Le 12 mars 2020 par Valéry Laramée de Tannenberg
Greenpeace France
Des militants de l’ONG ont manifesté à Saclay, au siège de l’école d’ingénieurs pour protester contre la construction prochaine d’un centre de R&D de Total.
Nouvel épisode du feuilleton Total à Polytechnique. En juin 2018, le conseil d’administration de l’Ecole polytechnique vote une résolution qui passe à peu près inaperçue, hors les murs de la prestigieuse école d’ingénieurs. Le projet prévoit la création du centre d’innovation et de recherche de Total, sur le campus de l’X.
Installer un centre de recherche dédié au bas carbone et au numérique à proximité de l’école créée par la Révolution n’a rien d’hérétique: le gouvernement entend concentrer entre 20 et 25% de la recherche scientifique nationale sur le plateau de Saclay (91).
Problème: sur les 400 chercheurs que doit abriter le futur institut, la moitié viendrait du groupe Total. Un partenariat qui n’est pas du goût de nombreux élèves.
Consultation défavorable
En décembre dernier, une consultation est organisée chez les porteurs de bicornes. Les deux tiers se déclarent défavorables au projet et réclament son déplacement. Dans un courrier adressé aux rédactions, les frondeurs disent refuser de faciliter à Total un «accès exclusif aux futurs décideurs de la politique énergétique française, complétant ainsi sa stratégie de lobbying sur le plateau de Saclay».
Le pétrogazier n’est pourtant pas un inconnu dans l’école. Nombre de ses dirigeants et de ses cadres supérieurs ont porté l’uniforme noir. Depuis 2011, l’entreprise finance deux chaires de physique, l’une consacrée au photovoltaïque du futur, l’autre aux défis posés par les énergies renouvelables.
Le groupe présidé par Patrick Pouyanné n’est d’ailleurs pas le seul industriel à avoir conclu ce genre de partenariat. Saint-Gobain, EDF, Arkema, PSA, CapGemini, la SNCF, CFM, Air Liquide, Schneider, Mirova ont fait de même. Sans oublier l’Ademe.
Qu’importe, Total reste un producteur d’hydrocarbures et un gros émetteur de gaz à effet de serre. C’est ce qu’a voulu dénoncer Greenpeace. Ce jeudi 12 mars, pendant la tenue d’un conseil d’administration de Polytechnique, plusieurs dizaines de militants de l’ONG ont manifesté devant l’école, déployant une banderole d’une trentaine de mètres de long, flanquée d’un «Total: main basse sur Polytechnique».
réception défavorable
Le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard, a été reçu par les dirigeants de l’école, ressortant sans engagement, a-t-il expliqué à l'AFP. «J'ai eu dix minutes pour exprimer nos revendications, à savoir renoncer à ce projet d'implantation, mais je n'ai pas senti la moindre ouverture à un renoncement», a regretté l’ancien journaliste.
Le 7 mars, un collectif d’anciens élèves de Polytechnique a publié une tribune dans Le Monde, demandant au P-DG de Total (un autre X) de renoncer à «ce projet qui n’est stratégique, ni pour l’activité de R&D de Total ni pour le financement d’un enseignement de qualité dans le secteur des énergies.» Parmi les signataires, on note Alain Grandjean, Benoît Leguet et Jean-Marc Jancovici, trois membres du Haut conseil pour le climat.
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