Grand flou sur les moisissures et les pollens dans les DROM
Le 02 janvier 2018 par Marine Jobert
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Les données manquent cruellement pour évaluer l’exposition des populations des départements et régions d’outre-mer aux pollens et aux moisissures, constate l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Seule certitude: les pathologies associées y sont sensiblement plus fréquentes qu’en métropole.
Plus de rhinites allergiques pour tous et des rhino-conjonctivites plus fréquentes chez les enfants à la Réunion et en Guadeloupe qu’en France hexagonale. Une prévalence, une morbidité et une mortalité liées à l’asthme plus élevées en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion qu’en métropole. Voici quelques-uns des pathologies rapportés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) dans le rapport qu’elle consacre à l’impact sanitaire des pollens et des moisissures allergisants de l’air ambiant sur la population générale des départements et régions d’outre-mer[1] (DROM). Une expertise qui fait suite à celles déjà publiées en 2014 sur les pollens et en 2016 sur les moisissures en métropole.
Quasi absence de stations de mesures
La prévalence de ces pathologies peut-elle être corrélée à l’exposition aux moisissures et aux pollens? L’Agence l’ignore, faute d’études épidémiologiques (voire de données sur les seules pathologies allergiques pour la Guyane et Mayotte). Idem pour les informations sur la présence des moisissures et pollens dans l’air ambiant: hormis quelques opérations ponctuelles de mesures (Réunion, Guadeloupe, Martinique), il n’existe pas de dispositif pérenne pour caractériser leur nature et leur concentration dans l’air ambiant des DROM. Impossible de connaître, donc, la potentielle diversité des espèces végétales anémophiles et des moisissures présentes, déplore l’Agence. La production des pollens, le développement des moisissures et leur dispersion dans l’air ambiant dans ces zones tropicales sont pourtant sous des influences particulières, comme l’humidité relative, la pluviométrie, la température et le vent. Et les phénomènes météorologiques extrêmes (tempêtes, cyclones, ouragans, etc...) peuvent être à l’origine d’une augmentation soudaine, voire durable, des moisissures sur les supports et dans l’air ambiant, note l’Agence.
La climatisation, facteur aggravant
Hormis des actions ponctuelles et locales, les campagnes d’information ou de prévention sur les risques liés aux pollens et aux moisissures allergisants sont quasiment inexistantes. Il n’existe pas non plus de mesure de prévention destinées à limiter la présence d’espèces végétales dont les pollens pourraient être préoccupants en termes de santé, qu’il s’agisse d’espèces endémiques ou de l’implantation d’espèces exotiques. Enfin, la climatisation croissante des habitats, parce qu’elle va souvent de paiir avec une diminution de l’aération des locaux, pourrait faire augmenter la présence d’allergènes (blattes, acariens [Blomia tropicalis], moisissures) dans l’air intérieur.
Etudes épidémiologiques à lancer
Dans ces recommandations, l’Anses insiste pour qu’il soit remédié aux manques patents d’informations sur la présence, la nature et la concentration des pollens et moisissures, en prenant en compte la répartition de la population, la biodiversité végétale de ces territoires et les conditions climatiques. Elle préconise le lancement d’études épidémiologiques en population générale, de mettre en place un réseau de médecins sentinelles en lien avec les pathologies polliniques et de développer des tests allergologiques spécifiques aux DROM. Elle recommande aux collectivités, aménageurs-urbanistes et aux jardiniers de limiter la plantation des végétaux déjà connus comme allergisants en France hexagonale ou dans d’autres pays et de décliner de décliner, dans les plans régionaux santé environnement des DROM, les actions de «surveillance, de prévention et de réduction relatives à la présence de pollens et/ou de moisissures allergisants dans l’air» inscrites dans le PNSE 3. Sur le terrain, une meilleure information et prévention devrait être déployée, notamment entre les acteurs du secteur (ARS, AASQA, médecins, pharmaciens, biologistes, botanistes, etc.).
[1] Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte.
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