Glyphosate: l’Anses met fin à la commercialisation de 36 produits
Le 09 décembre 2019 par Romain Loury

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Le début de la fin pour le glyphosate: l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a annoncé lundi 9 décembre le retrait d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de 36 produits à base de glyphosate, ainsi que son refus d’en autoriser 4 nouveaux depuis 2018.
Selon un engagement d’Emmanuel Macron, la France doit sortir d’ici le 1er janvier 2021 du glyphosate, seuls les usages jugés sans alternative à l’herbicide demeurant autorisés jusqu’au 1er janvier 2023. Alors que la fin du glyphosate approche à grand pas, l’Anses a annoncé lundi 9 décembre l’arrêt de la commercialisation de 36 produits en contenant, qui ne pourront plus être utilisés à compter de fin 2020. A l’origine de ce choix, «l’insuffisance ou l’absence de données scientifiques permettant d’écarter tout risque génotoxique».
Parmi les 69 produits à base de glyphosate actuellement autorisés en France, ces 36 produits «représentaient en 2018 près de trois quarts des tonnages de produits à base de glyphosate vendus en France, pour des usages agricoles et non agricoles», indique l’Anses. Par ailleurs, 4 nouveaux produits, sur les 11 demandes déposées depuis janvier 2018, se sont vus refuser l’AMM, également en raison de données insuffisantes sur la génotoxicité, ajoute l’Anses.
Une évaluation des alternatives en cours
Au-delà de ces décisions, qui préparent la sortie du glyphosate de 2021, l’agence poursuit son évaluation comparative avec les alternatives non chimiques disponibles –comme elle l’a fait en mai 2018 pour les néonicotinoïdes.
«Seuls les produits à base de glyphosate répondant aux critères d’efficacité et de sécurité définis au niveau européen pour les usages revendiqués, et ne pouvant pas être substitués de façon satisfaisante, bénéficieront in fine de l’accès au marché français. L’ensemble du processus d’évaluation sera finalisé d’ici le 31 décembre 2020», ajoute l’agence.
Dans un rapport publié début novembre, une mission d’information du Parlement, sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate, appelait à dresser la liste «au plus tard en juin 2020». «Il serait inconscient d’attendre le 31 décembre 2020 pour savoir quelles situations culturales entrent dans la première catégorie [celle des usages pour lesquels le glyphosate sera interdit au 1er janvier 2021, disposant d’alternatives, ndlr] et quelles sont les autres situations qui pourront bénéficier d’un délai», estimaient les parlementaires.
Se félicitant de l’annonce de l’Anses, le directeur de l’association Générations futures, François Veillerette, estime dans un communiqué que «70% des études universitaires (indépendantes de l’industrie) prises en compte par l’expertise du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) mettent en évidence une génotoxicité! Nous espérons maintenant que l’Anses prenne en compte l’ensemble de cette littérature scientifique (…) pour refuser les autres demandes de mise sur le marché d’herbicides à base de glyphosate qu’elle doit encore examiner».
D’autres produits déjà retirés du marché
Si l’autorisation des substances actives est du ressort de la Commission européenne, celle des produits commercialisés, contenant ces substances actives ainsi qu’une pléthore de coformulants, revient à chacun des Etats membres de l’UE. Le glyphosate a été réautorisé dans l’UE pour une durée de cinq ans à partir de décembre 2017, mais les pays membres gardent ainsi la main sur les produits contenant cette substance active.
En avril 2016, l’Anses avait annoncé le retrait des produits à base de glyphosate présentant la tallowamine parmi leurs coformulants, disant ne pouvoir exclure «des risques inacceptables, y compris pour la santé humaine». En janvier, la justice avait par ailleurs annulé l’AMM du Round Up Pro 360, estimant que l’Anses avait commis une erreur d’appréciation au regard du principe de précaution –du fait que le glyphosate est classé ‘cancérogène probable’ par le Circ.
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