Fusion Monsanto-Bayer: la Commission ouvre une enquête approfondie
Le 22 août 2017 par Marine Jobert
Autoriser la fusion des deux multinationales de l’agrochimie va-t-il réduire la concurrence dans le secteur des pesticides, des semences et des caractères agronomiques? C’est la question que se pose Bruxelles, qui vient d’ouvrir une enquête approfondie.
Réduction de la concurrence, hausse des prix, baisse de la qualité, réduction du choix et recul de l'innovation. Voici les 5 fléaux qui pourraient frapper le monde de l’agrochimie en cas de fusion des deux mastodontes du secteur, craint l’exécutif européen. Une enquête initiale vient d’être ouverte ce 22 août à Bruxelles, deux mois après la notification par les entreprises allemande et américaine de leur projet de mariage. Les premières explications fournies fin juillet à la demande de la Commission ne semble pas l’avoir satisfaite dans cette transaction à 59 milliards d’euros.
Entreprises archi dominantes
Trois domaines préoccupent d’ores et déjà la Commission. Primo, le quasi-monopole des deux entreprises en matière d’herbicide non sélectif (glyphosate et glufosinate d'ammonium), et leur capacité à découvrir de nouvelles substances actives, notamment pour «s'attaquer au problème croissant de la résistance des mauvaises herbes aux produits existants». Bruxelles pointe également «le chevauchement des activités concernant les produits de lutte contre le varroa», un parasite qui infeste les colonies d'abeilles en Europe. Ensuite, la part prépondérante des deux entreprises sur les marchés de semences potagères, dont certains produits sont en concurrence directe. Enfin, la quasi-hégémonie de Monsanto et Bayer sur plusieurs marchés de caractères agronomiques dans le monde entier. L'enquête de la Commission visera notamment à déterminer si l'opération «est susceptible d'entraîner une réduction de la concurrence sur ces marchés, compte tenu des liens qui existent, par le jeu des licences réciproques et des coopérations en matière de recherche et développement, entre les rares concurrents présents au niveau mondial».
Agriculture numérique
Plus grand portefeuille de pesticides, acteur le plus puissant sur les marchés mondiaux des semences et des caractères agronomiques, le colosse issu de la fusion ne risque-t-il pas d’entraver l'accès des concurrents aux distributeurs et aux agriculteurs, notamment avec l'avènement de l'agriculture numérique? Car les deux entités consacrent force budget à la récolte des données et des informations sur les exploitations agricoles, pour fournir aux agriculteurs des conseils individualisés et des données agrégées
Rendez-vous début janvier 2018
La Commission assure mener ses investigations en étroite collaboration avec d'autres autorités de concurrence, notamment avec le ministère américain de la justice et les autorités de la concurrence de l'Australie, du Brésil, du Canada et de l'Afrique du Sud. La Commission a jusqu’au 8 janvier 2018 pour trancher: la création de la plus importante entreprise intégrée du monde dans les secteurs des pesticides et des semences est-elle susceptible de nuire aux règles de la concurrence européenne?
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
Air: l’Etat français dans l’antichambre de la Cour de justice de l’Union européenne
27/03/2018
Compteurs ‘communicants’: un risque faible et beaucoup de questions
15/12/2016
En Irak, la pollution de guerre tue aussi
23/08/2016
OSPAR: réduction substantielle des rejets radioactifs dans l’Atlantique Nord-Est
29/06/2016
Mercure: ouverture de la conférence de Minamata
07/10/2013
Philippe Martin présente son programme
22/07/2000