Fos-sur-Mer: les corps intoxiqués des riverains
Le 30 mai 2018 par Marine Jobert
Port de Marseille-Fos
Des prélèvements de sang et d’urine mettent en évidence une sur-imprégnation des riverains pour le plomb, le benzène et deux furanes. D’autres études vont être lancées dans cette zone martyr de l’agrochimie.
C’est une zone damnée, entrelacs de dépôts pétroliers, d’usines pétrochimiques et de traitement de déchets, d’oléoducs et autres canaux. Un front industriel poussé dans les années 1960, qui relie les communes de Fos-sur-Mer et de Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône), où vivent quelque 24.000 personnes. Une première étude, en février 2017, avait mis en lumière que les cas d’asthme, de cancer et de diabète dépassaient largement la moyenne nationale et que les maladies chroniques étaient deux fois plus fréquentes que dans le reste du pays. Une deuxième étude montrait que les aliments produits localement étaient fortement imprégnés de dioxines, PCB et de plomb. Enfin, une troisième étude (dite Index), engagée par l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions (IECP) avec l’Agence régionale de santé PACA, démontre que les organismes aussi sont plus chargés en certains polluants que la moyenne, sans toutefois dépasser les seuils réglementaires.
Plomb, benzène, dioxines
Plus de 50 polluants d'origine industrielle ont été dosés dans le sang et les urines de 138 personnes âgées de 30 à 65 ans. Les résultats d’un premier groupe de 80 Fosséens ont été comparés avec ceux de 58 personnes résidant à un vingtaine de kilomètres de là (Saint-Martin-de-Crau). Résultat, si les Fosséens ne sont «pas globalement plus imprégnés» que ceux de la zone-témoin, ils affichent un taux plus élevé de plomb, de benzène (chez les plus âgés, qui les accumulent au cours de leur vie) et de deux furanes heptachlorés (famille des dioxines). Soit «trois polluants spécifiques, typiques des émissions industrielles», les deux premiers étant classés cancérogènes. Une sur-imprégnation consécutive à «l’inhalation mais également du fait de l’utilisation d’un environnement lui-même contaminé par la pollution atmosphérique de la zone (potager, jardinage ou encore consommation de produits de la mer)».
Des études à venir
Certes, observe l’Institut, les teneurs relevées «restent en dessous des seuils». Mais «la diversité des polluants présents pose toutefois la question de l’effet-cocktail [effet sanitaire d’un cumul de polluants à petites doses], encore mal connu par la recherche». Et d’ouvrir deux voies de recherche pour continuer à caractériser les effets sanitaires des expositions aux usines pétrochimiques: explorer les conséquences de l’exposition physique due à la pollution aux particules ultrafines, auxquelles les populations riveraines de la zone sont surexposées et qui ne peut se doser dans l’organisme; et engager des études épidémiologiques, focalisant sur des pathologies spécifiques.
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