Etats-Unis: la FDA s’attaque aux aliments caféinés
Le 15 mai 2013 par Romain Loury
Aux Etats-Unis, la multiplication des produits alimentaires à base de caféine, en particulier visant les enfants et adolescents, inquiète la Food and Drug Administration (FDA), qui a décidé de lancer une enquête sur l’usage de cet additif.
Après les boissons énergisantes, dont plusieurs sont à base de caféine, l’ajout de caféine s’étend depuis quelques années à d’autres produits alimentaires: gaufres, sirops d’érable, bonbons type «jelly beans» et «marshmallows», etc. Mais c’est le dernier en date, le chewing-gum «Alert Energy Caffeine Gum» du leader mondial Wrigley (groupe Mars), qui pour la FDA aura été le produit de trop.
En réponse au lancement de ce produit fin avril, la FDA a annoncé une enquête sur la caféine utilisée comme additif, en particulier dans les produits visant de jeunes consommateurs. Cette contre-publicité radicale a contraint Wrigley, le 8 mai, à annoncer qu’il renonçait à son nouveau chewing-gum. «Le cadre réglementaire a besoin d’être rénové, afin de mieux guider les consommateurs et l’industrie quant au niveau approprié et à l’usage des produits à base de caféine», s’incline l’entreprise dans un communiqué publié mardi 14 mai.
Outre-Atlantique comme ailleurs, l’usage de caféine comme additif alimentaire fait en effet l’objet du plus grand flou. «Les industriels peuvent l’ajouter à leurs produits dès lors qu’ils ne dépassent pas les normes de sécurité, et s’ils indiquent sa présence dans la liste des ingrédients», rappelle Michael Taylor, directeur en charge des affaires alimentaires à la FDA, dans une interview publiée dans le bulletin de l’agence. Les fabricants doivent certes indiquer s’ils ont ajouté de la caféine, mais sans obligation d’en préciser la dose.
«La seule fois où la FDA a explicitement approuvé l’ajout de caféine, c’était pour les boissons de type cola, dans les années 1950 [1]: les règles en cours n’ont jamais anticipé la prolifération actuelle de ce type de produits», observe Michael Taylor.
Selon la FDA, il est conseillé aux adultes de ne pas dépasser la dose quotidienne de 400 milligrammes; si aucun seuil n’a été fixé pour les enfants, l’académie américaine de pédiatrie (APA) en déconseille l’usage dans cette population. Bref, rien de bien contraignant pour les industriels.
Sans aller jusqu’à interdire la consommation de produits caféinés par les plus jeunes, la FDA se dit prête à fixer des seuils de caféine à ne pas dépasser dans certains aliments, notamment ceux prisés par les enfants. En premier lieu, l’agence va tenter de mieux définir à quel niveau de consommation la caféine peut engendrer un risque pour la santé, indique Michael Taylor.
En 2010, l’agence américaine avait déjà contraint 4 compagnies à retirer du marché leurs boissons alcoolisées à base de caféine, au motif qu’elles diminuaient la sensation de fatigue et d’ébriété –au risque de favoriser infarctus et accidents de la route. La crainte existe encore, désormais avec les cocktails d’alcools forts et de boissons énergisantes. Aux Etats-Unis comme en Europe ou en France, ces produits font l’objet d’une vigilance accrue des autorités sanitaires, suite à plusieurs accidents parfois mortels (voir le JDLE).
[1] En 1959, la FDA a en effet qualifié l’ajout de caféine dans les sodas de «GRAS», Generally Recognized As Safe.
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