En 2019, moins de cadmium dans le chocolat
Le 14 mai 2014 par Romain Loury
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Le chocolat et le cacao, à partir de 2019, les laits maternisés et autres aliments pour enfants, dès 2015, seront soumis à des teneurs maximales à respecter pour le cadmium, selon un projet de règlement publié lundi 12 mai par la Commission européenne.
Parmi tous les métaux lourds présents dans notre alimentation, le cadmium, lié entre autres à des risques d’insuffisance rénale, de cancer et de troubles du développement cérébral chez l’enfant, pourrait bien être l’un de ceux qui posent le plus problème, en raison de l’exposition élevée de la population (voir le JDLE).
Selon une étude publiée début 2012 par l’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), sa dose hebdomadaire admissible (DHA), de 2,5 microgrammes par kilo de poids corporel, est très souvent dépassée en population générale, qui se situe en moyenne à 2,04 µg/kg! Pire, les enfants de 1 à 3 ans sont presque deux fois au-dessus, avec une ingestion moyenne de 4,85 µg/kg (voir le JDLE).
Plus de deux ans après ces résultats pour le moins inquiétants, la Commission européenne se décide à revoir certaines valeurs maximales pour le cadmium -inscrites au règlement n°1881/2006. Voire à en édicter enfin sur des aliments qui n’en disposaient pas jusqu’alors: ainsi, les laits maternisés et laits de croissance se voient dotés d’une limite de 0,01 milligramme par kilo pour les produits en poudre, de 0,005 mg/kg pour ceux vendus sous forme liquide.
Pour les produits à base de soja, ces limites admises seront deux fois plus élevées. Ce végétal s’imprégnant naturellement du cadmium présent dans le sol, cette plus grande tolérance s’explique par le fait que ces produits sont indispensables aux enfants souffrant d’une intolérance au lait de vache. Quant aux aliments de type «petit pot», la valeur fixée est de 0,04 mg/kg.
Plus de cacao, donc plus de cadmium
Alors que ces valeurs pour l’alimentation infantile entreront en vigueur le 1er janvier 2015, la Commission européenne propose un délai au 1er janvier 2019 pour le chocolat et le cacao, afin de «permettre aux pays producteurs et aux industriels de s’adapter à ces niveaux», également une nouveauté pour ces produits. Elle propose trois valeurs maximales (0,1 mg/kg, 0,5 et 0,8), selon la teneur en cacao [1]. Quant à la poudre de cacao, son seuil est fixé à 0,6 mg/kg.
Avec les autres produits à base de cacao, le chocolat est à l’origine de 9,18% des apports en cadmium chez les adolescents et de 9,39% chez les enfants, selon l’étude de l’Efsa. Chez les adultes, cette part n’est que de 3,88%, loin derrière les pommes de terre et le pain, tous deux à 12,3%.
Autres nouveautés de ce projet de règlement, les seuils de plusieurs aliments déjà réglementés sont modifiés. Du fait de difficultés pour obéir au seuil de 0,1 mg/kg, le céleri, le raifort et les salsifis rejoignent le céleri-rave, soumis à celui de 0,2 mg/kg. Côté poisson, plusieurs espèces jusqu’alors objet de seuils spécifiques en sont désormais exemptées, comme le mulet, la bonite et l’anguille, ramenés à 0,05 mg/kg. A la différence des sardines, dont le seuil passe à 0,25 mg/kg.
[1] Pour le chocolat au lait contenant moins de 30% de cacao, la valeur maximale sera de 0,1 mg/kg. Pour le chocolat au lait avec plus de 30% de cacao, et pour le chocolat avec moins de 50% de cacao, elle sera de 0,3 mg/kg. Enfin pour le chocolat contenant plus de 50% de cacao, elle sera de 0,8 mg/kg.
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