Emissions des navires : des négociations en eaux troubles
Le 19 octobre 2020 par Victor Miget
PxHere
Afin de réduire les émissions du secteur, l’Organisation maritime internationale (OMI) élabore un système de notation basé sur l’intensité carbone des navires. Insuffisant, de l’avis des ONG.
Depuis l’accord conclu en 2018, visant à réduire de 50% les émissions de CO2 des navires entre 2008 et 2050, l’OMI est plutôt timide en préconisations. Volontarisme des Etats, réduction de la vitesse des navires… aucune de ces propositions n’a encore abouti.
Un nouvel acte est, peut-être, en train de se jouer. Du 19 au 23 octobre se tient (en visioconférence) la septième réunion du Groupe de travail intersessions de l’OMI sur la réduction des émissions de GES des navires. 200 pays sont sur le point de conclure un accord juridiquement contraignant les obligeant à réduire la pollution de leurs bateaux.
Les réunions, qui débutent ce lundi, portent sur un nouveau système de classification des 60.000 navires de commerce. Selon leurs performances carbone, cargos, porte-conteneurs ou tankers seront notés de A à E. Les propriétaires des bâtiments classés D ou E devront les moderniser pour les voir naviguer à la fin de la décennie.
Lenteur…
La Chambre internationale de la marine marchande et 14 pays dont le Japon, la Chine, l'Allemagne et l'Inde, ont déclaré que l'accord représenterait une avancée majeure pour l'industrie, rapporte l’agence de presse Bloomberg. Sans surprise, les ONG environnementales dénoncent un pétard mouillé. Elles regrettent une prise de décision trop lente et une initiative anecdotique.
«Politiquement parlant, s'ils acceptent les propositions, alors ils ont fait des progrès […] Mais ce compromis signifie qu'ils acceptent essentiellement de ne rien faire», estime Faig Abbasov, directeur du transport maritime de Transport & Environment D’après l’International Council on Clean Transportation (ICCT), cette mesure réduirait les émissions de CO2 du secteur de 0,8 à 1,6% ces 10 prochaines années.
… et dissensions
D’autant que, cette décision pourrait bien être rabotée. Les pays européens soutiennent une mise au rebut des navires non conformes d’ici à 2029. Mais la Chine et le Japon, qui président l’organe environnemental de l’OMI, ainsi que la Chambre internationale de la navigation, ne l’entendent pas de cette oreille. De leur avis, ces mesures sont trop strictes.
Les mesures proposées à la fin des pourparlers de cette semaine seront discutées au prochain Comité de la protection du milieu marin (MEPC) entre le 16 et le 20 novembre prochain. Elles pourraient être adoptées, en avril 2021. Dans le meilleur des cas.
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