Électricité régulée: y en aura pas pour tout le monde
Le 16 novembre 2017 par Olivier Descamps
Sur le point de formuler leur commande 2018 à EDF dans le cadre de l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), les fournisseurs alternatifs dénoncent le plafond de 100 Twh qui pourrait fausser la concurrence.
Il est le loin le temps où le niveau de l’Arenh semblait tellement supérieur au prix de gros de l’électricité que les fournisseurs alternatifs à EDF s’y intéressaient à peine. En 2017, l’indisponibilité de nombreuses centrales de production nucléaire et les craintes sur l'approvisionnement les avaient conduits à commander plus de 80 TWh à l’exploitant des réacteurs français à un prix fixe de 42 €/MWh.
Appel à la CRE
En 2018, la situation n’est pas meilleure et les demandes qui doivent être déposées dans les jours qui viennent pourraient aller bien au-delà. Seul hic, l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique est plafonné à 100 TWh. Pour que chacun soit sur un pied d’égalité, EDF est tenu par la loi de fournir à ses concurrents une partie de sa production, mais l’électricien est aussi en droit d’en conserver une bonne partie pour lui.
«Ce plafond ne devrait pas exister», regrette Naïma Idir, directrice des affaires réglementaires d’Eni. «Il a été pensé à un moment où l’on ne s’attendait pas à l’atteindre si vite». Sans surprise, les concurrents d’EDF demandent donc sa suppression. Conscients qu’ils ont peu de chances d’être entendus, du moins à court terme, ils estiment surtout que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) doit sérieusement se pencher sur la manière de distribuer les droits de chacun en cas de dépassement.
Répartir les 100 TWh
L’une des options sur la table est d’appliquer un prorata simple entre les fournisseurs demandant l’Arenh. Le Code de l’énergie prévoit toutefois la possibilité que la CRE établisse une règle alternative. «L’accès régulé est découpé en deux. Nous estimons que la priorité doit être donnée aux petits clients car c’est sur ce segment de marché que la concurrence est la plus forte», insiste Naïma Idir.
L’argument sonne aussi comme un rappel. Alors que les particuliers ont encore tant de mal à quitter les tarifs réglementés de vente et que l’existence de ceux-ci fait l’objet de tensions entre Paris et Bruxelles, pas sûr qu’il soit opportun d’ajouter des bâtons dans les roues des fournisseurs alternatifs en les obligeant en sus à acheter leur électricité plus cher qu’EDF. Le géant français de l’énergie a lui toute latitude à se fournir à un prix proche de l’Arenh qui reflète la coût de production des centrales.
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