Electricité: la vague verte ne sera pas suffisante
Le 24 juin 2015 par Valéry Laramée de Tannenberg

Green MPs
Les électriciens du monde entier vont investir massivement dans les énergies renouvelables au cours des 25 prochaines années, annonce BNEF. Mais cela ne sera pas suffisant pour alléger l’empreinte carbone du secteur.
Pour les investisseurs qui souhaiteraient «désinvestir» des fossiles, un secteur «climatico-compatible» semble promis à un brillant avenir: les énergies renouvelables électriques. C’est du moins la conviction de Bloomberg New Energy Finance (BNEF).
Dans une étude publiée le 23 juin, le consultant estime que les deux tiers des investissements électriques qui devront être réalisés dans le monde d’ici 2040 porteront sur des centrales solaires, éoliennes ou marines. Avec des montants qui sont à l’avenant.
12.200 milliards de dollars
BNEF évalue à 12.200 milliards de dollars (10.917 Md€) le montant de la facture globale en nouvelles capacités de production d’énergie pour les 25 prochaines années. Sur ce total, plus de 9.700 Md$ (8.680 Md€) devraient être investis dans les énergies vertes.
Deux facteurs expliquent principalement un tel engouement. D’une part, la forte chute des prix des technologies. Ces prochaines années, le coût du kilowattheure éolien devrait baisser d’un tiers et celui du solaire de près de 50%. Les engagements climatiques ne seront pas non plus étrangers à un tel succès.
La moitié des capacités installées par les 34 pays de l’OCDE (qui devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre le plus vite) seront renouvelables. Ce qui en un quart de siècle représentera 882 GW, essentiellement du «petit» photovoltaïque.
Deux parcs français par an
Les pays émergents et en développement mettront en ligne 287 GW (plus de deux fois la taille du parc de production français) chaque année. Soit un investissement de 370 Md$ (331 Md€) par an, environ.
Globalement, ce sont les énergies solaires qui vont massivement tirer leur épingle du jeu. BNEF évalue à 3.429 GWc la puissance solaire globale (toutes technologies confondues) qui sera mise en service ces 25 prochaines années. Soit 20 fois la taille du parc actuel. Avec la nouvelle chute des prix des matériels (lesquels ont déjà baissé d’un facteur 100 ces 30 dernières années, pour le photovoltaïque), un nombre croissant de consommateurs individuels s’équipera.
Conséquence: en 2040, près de 13% des capacités mondiales de production d’électricité seront installées sur les toitures des immeubles ou des grandes surfaces commerciales.
Les gestionnaires de réseau devront s’adapter à cette nouvelle donne: 46% du courant produit en 2040 le sera à partir de sources «intermittentes», contre 5% aujourd’hui. Charbon, gaz naturel et pétrole génèreront alors 44% du courant mondial, contre plus de 60% aujourd’hui.
King Coal not dead
Sera-ce suffisant pour alléger l’empreinte carbone du secteur électrique? Certainement pas. Car nombre d’électriciens continueront d’exploiter et de construire un grand nombre de centrales au charbon ou au gaz. Environ 1.291 GW de capacités nouvelles au charbon devraient être mises à feu d’ici 2040, contre 1.359 GW de centrales au gaz. Résultat: les émissions du secteur devraient bondir de 13% entre 2014 et 2040. Une perspective d’avenir pour le captage-stockage de CO2?
SOMMAIRE DU DOSSIER
Electricité: la vague verte ne sera pas suffisante
Renouvelables: le monde fait mieux que l’Europe
Renouvelable: la Commission tance la France
La stratégie bas carbone française
Transition énergétique: pourquoi est-il difficile de la financer
Les agrocarburants, pas rentables avant longtemps
Climat: les chefs se mettent aux fourneaux bas carbone
Les députés adoptent la loi sur la transition énergétique
La transition énergétique embauche pour longtemps
Dossier




























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