Eau de Paris opposée à de nouveaux forages pétroliers en Seine-et-Marne
Le 21 octobre 2020 par Stéphanie Senet

La ville de Paris et sa régie Eau de Paris s’opposent fermement au projet de Bridgeoil d’ouvrir 10 nouveaux forages pétroliers autour de Nonville en Seine-et-Marne.
C’est un avis « fermement négatif » qu’a déposé Eau de Paris dans le cadre de l’enquête publique qui s’est terminée le 19 octobre. La société Bridgeoil prévoit en effet l’ouverture de travaux miniers sur la concession d’hydrocarbures de Nonville, près de Nemours, pour forer 10 nouveaux puits et étendre la plateforme actuelle. La société, qui exploite déjà deux puits depuis 2012, compte passer de 80 barils de brut par jour à 800 en 2021.
Captages prioritaires
«Eau de Paris assure la gestion de plusieurs captages d’eaux souterraines dans cette zone, à Bourron, Villeron et Villemer, non loin de Fontainebleau. Ces captages produisent en moyenne 64.000 mètres cubes d’eau par jour qui alimentent environ 300.000 Parisiens», rappelle Benjamin Gestin, directeur général de la régie, inquiet d’une pollution majeure des ressources en eau superficielles et souterraines. Les captages de Villeron et Villemer sont d’ailleurs classés comme prioritaires.
«Ce projet comporte des risques avérés pour l’alimentation en eau potable. Une fuite d’hydrocarbures condamnerait les sources locales pendant une période qui peut être longue», prévient Dan Lert, adjoint en charge de la transition écologique et nouveau président d’Eau de Paris.
Risques liés au transport et au climat
Ce projet présente aussi des risques «liés au transport d’hydrocarbures dans la mesure où les aménagements routiers ne sont actuellement pas satisfaisants pour sécuriser cette activité», selon la mairie. En 2013, une fuite d’hydrocarbures s’est déjà produite à partir d’un camion-citerne. Sans oublier les risques climatiques liés à l’exploitation d’hydrocarbures. «Alors que nous nous mobilisons pour une société décarbonée, il est impensable qu’en France, des entreprises ignorent l’Accord de Paris», affirme Dan Lert. Pour mémoire, la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures seront interdites en France en 2040.
Dans un avis rendu en mai 2020, l’autorité environnementale d’Ile-de-France estime que «les mesures d’évitement ou de réduction présentées sont de nature à minimiser les impacts du projet sur l’environnement et la santé». Elle formule toutefois huit recommandations, dont l’élaboration d’une stratégie en cas de pollution de la nappe.
Le commissaire-enquêteur a désormais un mois pour rendre son avis –facultatif- avant celui du comité départemental d’évaluation des risques sanitaires et techniques. C’est la préfecture de Seine-et-Marne qui devra trancher.
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