Des semences espagnoles contaminées aux OGM
Le 17 avril 2014 par Romain Loury
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Greenpeace a fait état, mardi 15 avril, de contaminations par des OGM de semences espagnoles de maïs vendues en 2013 et 2014 en France.
L’association a fait analyser trois échantillons de semences de maïs produites par l’entreprise Semillas Fitó. Résultat: les trois étaient contaminés par des OGM. Pour un lot de semence «Ordino», produit en 2013, le laboratoire indépendant Eurofins a même relevé la présence de 6 OGM différents: MON810, MON863, NK603, TC1507, MON88017, DAS-59122.
«Ces OGM ont été vendus, semés et cultivés dans les champs, on ne sait où en France, à l’insu d’agriculteurs qui ne souhaitaient pas planter d’OGM! Ils ont été trompés par ce semencier, et ce maïs contenant des OGM se retrouve donc potentiellement dans notre alimentation», s’insurge Greenpeace.
A l’heure actuelle, c’est la tolérance zéro qui s’applique quant à la contamination de semences par des OGM. Début 2012, un projet de décret fixant un seuil à 0,1% de présence avait été évoqué, tombant finalement dans l’oubli avec le changement de majorité.
Dans le même temps, l’Assemblée nationale a voté, mardi 15 avril, l’interdiction de culture du maïs MON810, le seul actuellement autorisé en Europe. Il s’agit de la troisième tentative en France, après celles de 2008 et 2012, décisions chaque fois annulées par le Conseil d’Etat.
Une ampleur pour l’instant inconnue
Contacté par le JDLE, Greenpeace indique ne pas avoir de donnée quant à l’ampleur de la contamination des lots, ni quant aux chiffres de ventes de ces semences. Selon l’association, le cabinet du ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, l’aurait contactée en vue de mener son enquête, en lien avec la répression des fraudes.
Autre point à creuser, le caractère intentionnel ou non de cette contamination. Selon Christophe Noisette, de l’association Inf’OGM, il y a peu de chances qu’elle le soit, l’intérêt des OGM ne résidant que dans la connaissance de leur statut. Enfin, pas toujours: d’autres pays, en particulier le Brésil et l’Inde, ont été obligés d’autoriser les OGM, acculés par une «politique de contamination sournoise» menée par les semenciers, indique-t-il au JDLE.
Selon Christophe Noisette, cet épisode de contamination, qui «n’aurait jamais dû arriver», révèle l’insuffisance des contrôles menés en France, liée en particulier à une baisse du budget consacré à la répression des fraudes.
Quant au semencier espagnol Semillas Fitó, son adresse en France est celle d’un cabinet d’experts comptables des Pyrénées-Atlantiques, qui, contacté, renvoie vers le siège à Barcelone –lequel n’était pas joignable.
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