Des poussins mâles sauvés du broyage par un laser
Le 18 avril 2019 par Stéphanie Senet
Une technologie allemande, permettant de détecter le sexe d’un poussin avant l’éclosion de l’œuf, s’avère prometteuse pour mettre fin au massacre de 50 millions de mâles par an en France.
Des poussins sauvés par un laser. C’est ce que propose la société allemande Seleggt, qui a mis au point une technologie capable de déterminer le sexe d’un poussin dès son 9ème jour d’incubation. Une solution qui permet de ne retenir que les œufs femelles sans attendre l’éclosion du poussin, prévue 12 jours plus tard. Et de sauver potentiellement 50 millions de poussins mâles, destinés chaque année à la destruction, dans des conditions abominables dévoilées par l’association L214 en mars 2016. Cette technologie a déjà fait ses preuves. Outre-Rhin, Seleggt détermine le sexe de 80.000 œufs par semaine, avec une fiabilité de 98%.
Un petit trou salvateur
Concrètement, un bras robotisé pointe un laser sur la coquille et y perce un trou de 0,3 millimètre de diamètre pour y prélever, dans une pipette, une goutte de liquide allantoïde. Une goutte de réactif plus tard, le robot peut déterminer si l’œuf contient de l’estrone sulfate. Dans l’affirmative, il donnera naissance à un poussin femelle. L’opération est par ailleurs sans conséquence sur le développement de l’œuf.
1.000 poussins pionniers
Première en France à tester cette technologie, la start-up PouleHouse a accueilli, le 17 avril, 1.000 poussins femelles dans sa ferme-pilote. Ces futures poules pondeuses pourront générer à leur tour des œufs dès le mois de septembre. Vendus 1 euro pièce, ce seront les premiers œufs de France obtenus sans avoir broyé ou gazé des poussins mâles à la naissance, selon l’association Welfarm. Une pratique qui permet d’obtenir, en Allemagne, le label «Respeggt». En France, au contraire, la technique de sexage développée par la société Tronico n’a pas obtenu de résultat probant. Résultat : Welfarm demande la mise en place de la technique Seleggt dans tous les couvoirs français, avec l’impulsion du ministère de l’agriculture. «Cette transition vers un nouveau modèle est incontournable. Elle devra s’accompagner d’une interdiction légale d’éliminer les poussins à l’éclosion, comme la Suisse est en train de le faire», a déclaré Lorene Jacquet, responsable du plaidoyer à Welfarm. Le conseil national helvétique a en effet interdit cette pratique le 21 mars mais le conseil des Etats doit encore se prononcer. Une interdiction similaire avait été proposée dans l’Hexagone dans le cadre d’un amendement au projet de loi Alimentation. Les députés l’ont rejetée.
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