Des financements climatiques à réorienter
Le 06 octobre 2015 par Stéphanie Senet
Un rapport d’information du Sénat, publié ce 6 octobre, détaille les financements français dédiés à la lutte contre le changement climatique et appelle à mieux prendre en compte les pays les moins avancés.
L’Agence française de développement (AFD) représente le principal vecteur des financements consacrés à la lutte contre le changement climatique, avec environ 2,9 milliards d’euros versés en 2014 selon l'agence, dont 90% sous la forme de prêts. Par comparaison, l’Allemagne verse essentiellement des dons.
Les engagements de l’AFD augmentent par ailleurs plus vite en matière d’atténuation qu’en matière d’adaptation au changement climatique: respectivement +247,5% entre 2007 et 2014 et +89,3% entre 2007 et 2014).
La France contribue aussi aux financements Climat dans le cadre du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à hauteur de 50 M€ pour la période 2015-2018, ainsi que pour le Fonds pour l’adaptation (5 M€ pour 2015). Il faut encore ajouter une partie du versement au Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) (90 M€ pour 2015-2018 dont une partie seulement pour le changement climatique) et une partie de la réserve Pays émergents (450 M€ entre 2005 et 2014). Sans oublier le Fonds vert, auquel un versement d'1 Md$ (890 M€) a été réalisé pour la période 2016-2019.
Une APD en berne
Malgré ces engagements, l’aide publique au développement (APD) reste le parent pauvre. Elle ne représentait que 0,36% du revenu national brut en 2014 contre 0,5% en 2010. L’Allemagne fait mieux avec 0,41% de son RNB et surtout le Royaume-Uni (0,7%).
Le président Hollande a beau avoir déclaré que l’APD passerait de 8 à 12 Md€ par an en 2020, il est contredit par le projet de loi de finances 2016 qui réduit le montant de l’APD à 2,6 Md€, en baisse de 6% par rapport à 2015.
En première ligne: les pays les moins avancés
Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), l’effort financier destiné aux pays les moins avancés (PMA) doit s’accentuer. Il devrait totaliser 50 Md€ par an d’ici 2025-2030. On est loin du compte…
A l’échelle hexagonale, la part des engagements climat de l’AFD en direction des PMA s’est élevée à seulement 16% en 2014. 32 pays d’Afrique subsaharienne, d’Asie et d’Amérique latine ont à peine reçu 1 Md€ entre 2007 et 2014.
La plupart des prêts sont en revanche accordés aux grands pays émergents: Inde, Maroc, Indonésie, Mexique, Afrique du Sud, Chine, Kenya, Egypte, Brésil, Turquie. Ils ont reçu 7,74 Md€ entre 2007 et 2014.
«Nous proposons qu’au moins 20% des engagements de l’AFD soient désormais destinés aux pays les moins avancés», conclut la rapporteure Fabienne Keller (Les Républicains, Bas Rhin).
Pour y parvenir, les traditionnelles recettes sont avancées: taxe sur les transactions financières (TTF), taxation du carburant utilisé par le transport aérien et maritime, et prix du carbone…
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
EGA: augmenter le revenu des agriculteurs avant de changer leurs pratiques
11/10/2017
Le bilan carbone quotidien du JDLE
06/04/2017
En Irak, la pollution de guerre tue aussi
23/08/2016
Gaspillage alimentaire: le gouvernement fait du surplace
27/08/2015
L’Europe consulte sur la gouvernance des océans
04/06/2015
Écotaxe poids lourds: Et si l’État récupérait les autoroutes?
14/05/2014