Des dunes et des plages contre l’érosion côtière
Le 13 avril 2018 par Stéphanie Senet
Un rapport publié ce 3 avril par le Commissariat général au développement durable (CGDD) met l’accent sur la nécessité de protéger, en Aquitaine, les écosystèmes sableux pour ralentir l’évolution du trait de côte.
Sous l’effet du vent, des vagues et des courants, le littoral s’érode naturellement. Mais les tempêtes récentes, en particulier celle de l’hiver 2013-2014, ont accentué le recul du trait de côte[1] en Aquitaine. Celui-ci dépasse actuellement 3 mètres par an en Charente-Maritime et en Gironde, faisant de ces côtes les plus exposées de l’Hexagone (cf. carte).
En avant les ouvrages
Jusqu’à présent, la réaction des collectivités locales s’est résumée à la mise en place d’ouvrages de protection, qui couvrent désormais 20% du littoral national. Or cette action aggrave l’érosion côtière, en piégeant des millions de mètres cubes par an de sédiments qui ne peuvent plus rejoindre le fleuve ou la mer. D’autres interventions humaines ont accéléré le recul du trait de côte: les dragages près d’estuaires et les gravières sous-marines, qui ont accentué la pénurie sédimentaire, mais aussi la destruction de la végétation du littoral et bien sûr l’urbanisation côtière.
Régulation «douce»
L’objectif de ce nouvel opus de 64 pages est de proposer une autre solution, efficace et moins onéreuse qu’un ouvrage de génie civil: la gestion et la préservation des écosystèmes sableux. Entretenir les dunes et recharger une plage (ce fut le cas à Chatelaillon, en Charente-Maritime) contribuent à réguler l’évolution du trait de côte de façon «douce».
Une évaluation encore floue
Ces écosystèmes sont formés de barres sableuses et de cordons dunaires[2] et s’étendent sur 230 kilomètres en Aquitaine, entre les embouchures de la Gironde et de l’Adour. Atténuant l’énergie de la houle et l’énergie éolienne[3], ils font déjà l’objet de mesures de protection. L’Office national de forêts (ONF) a ainsi planté des oyats sur de grandes surfaces, pour stabiliser les dunes.
Un bémol: aucune étude n’a encore évalué précisément le rôle des barres sableuses, plages et dunes dans la régulation de l’évolution du trait de côte. Impossible donc de comparer leur efficacité par rapport à un ouvrage de protection. Pour la préciser, le CGDD recommande de mettre en œuvre des modèles de dynamique sédimentaire locale et d’effectuer des suivis des stocks de sable avant et après les mesures prises. Une chose est sûre: le coût de leur préservation reste inférieur à la création d’un ouvrage.
[1] Les auteurs du rapport définissent le trait de côte comme «le déplacement vers l’intérieur des terres de la limite entre le domaine marin et le domaine continental».
[2] Système formé par la plage, la dune non boisée et la forêt dunaire
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