Derrière l’arbre du bisphénol A, la forêt des perturbateurs endocriniens
Le 29 janvier 2021 par André Cicolella

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Si la prise de conscience des dangers liés aux perturbateurs endocriniens a nettement progressé, la lutte est loin d’être gagnée. Pour sensibiliser le public, l’information est capitale, estime André Cicolella, président du Réseau environnement santé.
En 2009, on pouvait donner à un grand nombre de nourrissons une hormone de synthèse six fois par jour. La méthode la plus utilisée consistait à utiliser un biberon en plastique et à le passer au micro-ondes. Sous l'effet de la chaleur, le plastique, qui était le plus souvent du polycarbonate, se dépolymérisait en bisphénol A (BPA). On savait que c'était une hormone de synthèse depuis 1936, date à laquelle le BPA avait été testé avec le Distilbène afin de créer un médicament destiné à prévenir les fausses couches.
C’est finalement le Distilbène qui a été retenu, et on sait aujourd'hui les conséquences de cette exposition sur les fœtus: malformations génitales, cancer du sein chez les filles, troubles psychiatriques... Le BPA a quant à lui été utilisé pour produire du polycarbonate, mais aussi des résines époxy, qui revêtent l’intérieur des boîtes de conserve.
Une multi-exposition source de maladies chroniques
En 2006, on en savait suffisamment sur le sujet pour que la conférence de consensus de Chapel Hill conclue sur le lien entre exposition au BPA pendant la grossesse et cancer du sein, cancer de la prostate, diabète de type 2 et obésité, atteinte de la reproduction, problèmes neurocomportementaux.
C’est sur cette base que le RES a lancé l’alerte lors de sa création [en mars 2009], obtenant l’interdiction dans l'année qui a suivi [en France, le BPA a été interdit dans les biberons en juin 2010]. C'était le début de la saga des perturbateurs endocriniens, dont le JDLE s'est régulièrement fait l'écho.
Certes, la prise de conscience des enjeux des PE, et plus largement de la santé environnementale, a progressé. Mais plus que jamais, dans cette période de crise sanitaire qui résulte de cette faiblesse de la santé environnementale, nous avons besoin d'une presse en capacité d'informer sur ces enjeux. Merci au JDLE!
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