Début de la fin du charbon US sur les terres fédérales
Le 15 janvier 2016 par Valéry Laramée de Tannenberg

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Washington interdit pour trois ans l’ouverture de nouvelles mines de charbon sur les terres appartenant au gouvernement fédéral.
Barack Obama l’avait annoncé dans son discours sur l’état de l’Union. Sa secrétaire à l’intérieur l’a acté. Vendredi 15 janvier, Sally Jewell a confirmé que le gouvernement fédéral n’accorderait plus de concessions pour l’ouverture de mine de charbon sur les terres fédérales.
Sur cette rive de l’Atlantique, la nouvelle peut paraître insignifiante. Il n’en est rien. En quelques lignes, la ministre Jewell donne un coup de frein à l’exploitation du charbon vapeur (consommé par les centrales thermiques) américain. La mesure vise particulièrement le Wyoming, où l’on trouve les plus grandes mines de charbon à ciel ouvert. Un Etat qui fournit 40% de la houille américaine et dont l’essentiel des gisements (considérables) se trouve, précisément, sous les terres appartenant au gouvernement fédéral.
Poursuite de l’exploitation
Les mines en activité pourront poursuivre l’extraction du minerai, sans pouvoir s’étendre. Contrairement à ce qu’attendaient les organisations environnementales, la mesure n’est pas (encore) définitive. Elle s’appliquera pour trois ans. Le temps, a précisé Sally Jewell, que l’administration réforme le système.
Car, et c’est l’un des nœuds du problème charbonnier américain, les exploitants de mine installés sur les terres fédérales versent à Washington un loyer. Dérisoire. En s’appuyant sur des données publiques, un récent rapport de Greenpeace montre que les grandes compagnies charbonnières, qui ont obtenu des concessions minières de l’administration Obama, reversent 1 dollar par tonne de charbon extraite. Ridicule.
1 € la tonne
Durant leur exploitation, ces mines devraient extraire 2,2 milliards de tonnes de charbon, dont la combustion génèrera deux fois plus de gaz carbonique. Or le coût social de l’émission du gaz carbonique oscille, selon les taux d’actualisation, entre 12 et 109 $ (11 et 99,5 €) par tonne de CO2 émise. Pour l’organisation écologiste, le gaz carbonique émis par ce charbon va causer de 50 à 500 Md$ de dégâts, mais n’aura rapporté que 2,2 Md$ (2 €) à l’Etat. La messe est dite.
Problème: en limitant l’activité charbonnière, l’administration Obama assombrit l’avenir d’un secteur sinistré et de régions pour lesquelles l’extraction du charbon est l’une des principales activités. Les cyniques relèveront que les principaux Etats charbonniers, tels le Wyoming, la Virginie occidentale ou le Kentucky, votent très majoritairement républicain.
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