De plus en plus de catastrophes climatiques
Le 23 novembre 2015 par Romain Loury
Le nombre de désastres climatiques a fortement augmenté ces 20 dernières années, révèle un rapport onusien publié lundi 23 octobre. Si les pays pauvres portent l’essentiel du bilan humain, les deux pays les plus touchés, en nombre de catastrophes, sont les Etats-Unis et la Chine, premiers émetteurs de gaz à effet de serre (GES).
C’est l’un des dogmes de la lutte contre le réchauffement climatique: il y a d’une part des pays riches fortement émetteurs de GES, d’autre part des pays pauvres qui en paient les plus lourdes conséquences. C’est d’ailleurs l’un des principaux points de blocage entre pays du Nord et du Sud, lors des négociations climatiques.
Le constat est vrai en grande partie: comme le révèle le rapport publié lundi par le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR), 89% des 242.000 décès mondiaux liés aux ouragans ces 20 dernières années sont survenus dans des pays à revenu faibles ou intermédiaires. Et c’est dans les pays d’Afrique et d’Asie que la mortalité liée aux catastrophes climatiques est la plus forte, lorsqu’elle est ramenée à la population générale.
Toutefois, du fait de la largeur et de l’hétérogénéité de leur territoire, 472 des 6.457 catastrophes climatiques (inondations, ouragans, vagues de chaleur, sécheresses, incendies, etc.) sont survenues aux Etats-Unis, et 441 en Chine, principaux émetteurs mondiaux de GES. Derrière eux, l’Inde (288), les Philippines (274) et l’Indonésie (163).
Hausse de 14% d’une décennie à l’autre
Au niveau mondial, les catastrophes climatiques sont devenues bien plus fréquentes ces 20 dernières années: leur nombre s’est élevé de 14% sur la période 2005-2014 par rapport à 1995-2004, et il est deux fois plus élevé qu’en 1985-1994. Les inondations sont même passées d’une moyenne de 127 par an entre 1995 et 2004 à 171 entre 2005 et 2014.
En tout, les catastrophes climatiques ont fait 606.000 morts, soit une moyenne de 30.000 par an, et ont affecté 4,1 milliards de personnes, qu’elles soient blessées, sans abri ou ayant besoin d’une aide d’urgence. Sur 20 ans, elles ont coûté 1.892 milliards de dollars, soit 1.785 milliards d’euros
Continent le plus touché (54,8% des décès, 90,2% des personnes affectées), l’Asie souffre surtout des inondations et des cyclones, tandis que l’Afrique est avant tout touchée par les sécheresses. L’Europe, dont les émissions de GES ne cessent de baisser, est la principale victime des vagues de chaleur, dont elle recense 90% des décès entre 1995 et 2014.
Pour Margareta Wahlström, directrice de l’UNISDR, «un accord lors de la COP 21 à Paris afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre contribuera de manière importante à réduire les dégâts liés aux désastres, qui sont en partie liés au réchauffement et à la montée du niveau de la mer». Du moins «à long terme»: en raison de la persistance du CO2 dans l’atmosphère, celui que nous émettons actuellement devrait encore aggraver la situation pendant des décennies, voire des siècles.
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