De la résilience du système électrique mondial
Le 05 janvier 2016 par Valéry Laramée de Tannenberg

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Faute d'eau en quantité suffisante et à la bonne température, les centrales électriques devraient moins produire de courant dans les prochaines décennies.
Les feux de la COP 21 sont à peine éteints qu’il faut déjà préparer les politiques d’atténuation et d’adaptation requises par l’accord de Paris. Lorsqu’il s’agit de production d’électricité, priorité est souvent donnée à l’accroissement des capacités utilisant les énergies renouvelables. Sans toujours se poser la question de la disponibilité en eau.
L'eau est vitale pour l'énergie
On l’oublie trop souvent, l’eau est vitale pour produire du courant. L’or bleu actionne les turbines des centrales hydroélectriques et celles des hydroliennes, bien sûr. Mais il sert aussi, et surtout, à refroidir les centrales thermiques, à flammes ou nucléaires. En Europe, 44% des prélèvements d’eau douce sont dédiés à la production d’énergie.
Or les changements climatiques à venir vont modifier le cycle de l’eau. Essentiellement de deux façons: en réduisant les débits des cours d’eau et en réchauffant la température de l’eau, diminuant du même coup sa capacité de refroidissement.
deux causes à la diminution
Selon les scénarios, rappelle le 5e rapport du Giec[1], la production globale d’électricité (à capacité constante) pourrait diminuer de 0,1% à 5,6% pour ces deux seules raisons. Une évaluation très sous-estimée, affirment les auteurs d’une étude publiée lundi 4 janvier par Nature Climate Change.
L’équipe dirigée par Michelle van Vliet (université de Wageningue) a estimé l’évolution du productible de 24.515 centrales hydroélectriques et de 1.427 centrales thermiques[2] pour les prochaines décennies, au regard des conséquences sur les précipitations (et le débit des fleuves) et la température des eaux continentales[3].
émissions et impacts
Résultat: une baisse généralisée du productible des centrales électriques. Vers 2050, les centrales thermiques pourraient voir leur production annuelle diminuer de 7 à 12%, contre 1,2 à 3,6% pour les barrages et les installations au fil de l’eau.
Dit autrement, le secteur électrique est non seulement l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, mais ce sera aussi l’une des activités les plus touchées par les conséquences du réchauffement. A moins, bien sûr, d’en modifier l’organisation.
[1] Giec: Groupe international d’experts sur l’évolution du climat
[2] Représentatif, ce parc représente 78% des capacités hydroélectriques mondiales et 28% des capacités thermiques.
[3] Les auteurs ont testé leurs hypothèses en prenant les scénarios du Giec RCP 2,6 et RCP 8,5.
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