Climat: quand les profs soutiennent leurs élèves
Le 15 mars 2019 par Valéry Laramée de Tannenberg
VLDT
Directrice d’un programme original d’éducation aux sciences, Ange Ansour a aussi participé à la mobilisation des professeurs à la grève climatique du 15 mars. Explications.
Pas facile d’évoquer les questions climatiques à l’école. Océanographie, physique des fluides, paléoclimatologie, les sciences du climat sont multiples et leurs interactions complexes à vulgariser.
De plus, comme le dénonçait la climatologue Valérie Masson-Delmotte dans nos colonnes, l’Education nationale peine à donner toute sa place à la thématique climatique dans les programmes scolaires. Autre obstacle et non des moindres, les enseignants sont rarement formés à la discipline. Ce qui explique en partie l’échec, dans les établissements, des débats demandés pour cet après-midi par le gouvernement.
pédagogie et expérimentation
Pour renverser la vapeur carbonée, des professionnels de l’éducation cherchent à contaminer leurs collègues des écoles, des lycées et des collèges. Créé en 2005, le Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) développe des programmes d’apprentissage des sciences et de la technologie basés sur la pédagogie et l’expérimentation.
C’est dans ce cadre qu’a été bâti, en 2013, Les Savanturiers. «L’idée est d’inviter les enseignants à mener un projet d’éducation par la recherche. En amont, et avec l’appui de l’équipe pédagogique des Savanturiers et d’un mentor chercheur affilié à une classe, les élèves conçoivent un projet, en définissent le cadre et les objectifs. Ils adoptent une méthodologie scientifique», explique Ange Ansour, directrice du programme.
mammouth immobile
A coups de bibliothèques virtuelles, de MOOC[1] sur la fonte des glaces ou la climatologie, et d’expériences en classe, professeurs et élèves découvrent les fondamentaux de sciences complexes. Des acquis immédiatement mis en pratique par la réalisation d’expériences. «Pour évoquer la pollution atmosphérique, nous élaborons en classes des capteurs. Il s’agit vraiment de didactiser la recherche», s’enthousiasme Ange Ansour.
Malgré son dynamisme, l’enseignante convient de l’immobilisme du ‘mammouth’ cher à Claude Allègre. Proche de la mouvance Extinction Rebellion, la patronne des Savanturiers a lancé au début de l’année l’Appel des enseignants pour la planète.
Avec 6 collègues, Ange Ansour rappelle aux professeurs la responsabilité qui est la leur: «Dans nos salles de classe, nous avons accepté trop longtemps d’enseigner le développement durable, entretenant chez les élèves l’illusion que la situation était sous contrôle, prise au sérieux par les gouvernements du monde. Au contraire, nos élèves doivent savoir que les gouvernements actuels, tout en jouissant des bénéfices des énergies fossiles, leur laissent le fardeau du dérèglement climatique.»
propagande rassurante
Appelant les profs à «ne plus être les instruments d’une propagande rassurante», les signataires leur proposent de «montrer que les savoirs et les savoir-faire sont des ressources pour comprendre, penser et réagir face à l’effondrement».
Sans surprise, ces enseignants pour la planète appelaient, avec des organisations de jeunesse, les Scouts et Guides de France, la Fédération des conseils de parents d'élèves à la grève d’aujourd’hui.
«En espérant, souligne Ange Ansour, que cet événement lancera une réflexion sur la centralité de la question climatique.»
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