Climat : les pollueurs commencent à être les payeurs
Le 19 octobre 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg
Suivant les pays, les électriciens consacrent plus ou moins d’argent à leur décarbonisation. C’est ce que révèle une étude réalisée pour le compte du Climate Institute australien.
Le dernier sommet climatique de Tianjin a été un modèle du genre. Une semaine durant, les représentants américains et chinois se sont toisés. Les deux parties s’accusant, pour finir, de ne rien faire pour réduire l’empreinte carbone de l’Humanité. Moins médiatique, mais tout aussi détestable, les dirigeants de pays en développement n’ont pas cessé de rappeler leur opposition à tout engagement de réduction d’émission tant que les pays les plus industrialisés ne rendraient pas gorge carbonique, en réduisant des trois quarts leurs émissions et en distribuant des aides à l’adaptation. Un discours difficile à accepter pour lesdits pays les plus industrialisés. Regroupés au sein de l’annexe 1 du protocole de Kyoto, ils sont, en effet, les seuls à être frappés d’une véritable contrainte carbone.
Pour tenter de sortir de ce débat stérile, le Climate Institute australien a commandé à Vivideconomics une étude originale : évaluer l’investissement anti carbone du secteur électrique (le secteur industriel rejetant le plus de CO 2) des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES). Publié aujourd’hui, le travail du consultant britannique n’est pas sans surprises.
Vivideconomics a recensé les dispositifs nationaux permettant de réduire l’intensité carbone du secteur électrique aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en Corée du Sud, en Chine, et au Japon. Ce choix s’explique par le fait que le panel est composé de pays de l’annexe 1 et de pays émergeants. De plus, à elles 6, ces nations rejettent plus de 14 milliards de tonnes de gaz carbonique par an, soit 48 % des rejets anthropiques. Dans le lot, leur secteur électrique émet environ 6,4 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit 52 % des émissions du secteur électrique mondial. En résumé, ces pays sont relativement représentatifs de ce qui agite la planète électrique.
Et justement que s’y passe-t-il ? En compilant les taxes sur la consommation de charbon (comme au Japon) et les innombrables systèmes d’aides au développement des énergies renouvelables, le consultant britannique produit un résultat inédit : le coût pour les compagnies électriques de la réduction d’émission de CO 2.
Soumis au marché européen des quotas d’émission et à des obligations de fourniture d’électricité verte, les électriciens britanniques (qui sont majoritairement des entreprises française, espagnole et allemande) sont ceux qui « investissent » le plus dans la décarbonisation : 29,3 dollars (21,2 euros) pour éviter l’émission d’une tonne de CO 2. De façon très surprenante (compte tenu de son parc électrique extrêmement charbonnier), la Chine vient en seconde position. Les électriciens du premier consommateur d’énergie du monde consacrent un peu moins de 15 $ (10,86 €) par tonne de gaz carbonique évitée, soit trois fois plus que les… Américains ; enfin que la moyenne des compagnies américaines.
Car, pour celles qui se situent dans la dizaine d’Etats dotés d’un marché de quotas d’émission (comme en Europe), l’investissement moyen tourne autour de 10 $ (7,24 €). Ailleurs, c’est beaucoup plus faible : 3,1 $ (2,24 €) au Japon, 1,68 $ (1,21 €) en Australie et 72 cents $ (52,12 centimes €) en Corée du Sud. Le pays du Matin calme est pourtant l’un des rares pays émergents à s’être fixé d’ambitieux objectifs de réduction d’émission de GES. L’argent suivra-t-il ?
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