Climat: le message de Bruxelles à la COP 23
Le 13 octobre 2017 par Valéry Laramée de Tannenberg
Le conseil des ministres européens de l’environnement a adopté, ce vendredi 13 octobre, deux points importants de la politique climatique communautaire 2021-2030: les règlements sur la répartition de l'effort (RRE) et celui portant sur l'utilisation des terres et de la foresterie (UTCATF). De quoi redonner quelques couleurs à la délégation européenne qui sera présente au sommet climatique de Bonn, la COP 23.
L’Europe aura quelque chose à dire lors de la prochaine COP. Réunis ce vendredi 13 octobre à Luxembourg, les ministres européens de l’environnement ont, difficilement, réussi à se mettre d’accord sur plusieurs points de la politique climatique communautaire.
A commencer par le très discuté règlement sur la répartition de l’effort (RRE) entre 2021 et 2030. Ou comment obliger les secteurs émetteurs de gaz à effet de serre non assujettis à l’ETS (agriculture, déchets, transports, logement) à réduire leurs émissions.
Le règlement validé par les ministres oblige ces secteurs (à l’origine de 60% des émissions de l’UE) à abattre globalement de 30% leurs rejets entre 2005 et 2030. Calculés en fonction du PIB national, les objectifs nationaux vont d’une stabilisation des émissions à une baisse de 40%. La France devra baisser ses émissions non ETS de 37%. Comme proposé par la Commission, le point de départ (2021) s’appuiera sur les émissions effectivement comptabilisées entre 2016 et 2018.
Marges de manoeuvre
Seuls les pays à faible revenu seront autorisés à accroître leurs émissions entre 2017 et 2020. Le règlement prévoit aussi une réserve de 115 millions de quotas supplémentaires, utilisables à partir de 2032. Les 27 Etats membres disposeront d’autres ‘marges de manœuvre’: thésaurisation possible de quotas d’émission d’une année sur l’autre, échanges de quotas entre Etats, recours au stockage de carbone par les forêts (280 millions de tonnes équivalent CO2 au total), récupération de quotas ETS (limitée à 100 millions). Cette dernière disposition étant plutôt réservée aux pays riches.
Autre sujet complexe validé par les 28 ministres: le règlement sur la prise en compte de l'utilisation des terres, du changement d'affectation des terres et de la foresterie (UTCATF). Directement lié au précédent, il définit les règles comptables et les engagements des Etats pour ce qui concerne la réduction des émissions dans les secteurs de la foresterie et de l’agriculture.
Intégrité environnementale
Le principe de base, a rappelé le commissaire à l’action climatique, Miguel Arias Cañete, est celui de la «neutralité et de la préservation de l’intégrité environnementale.» Ce qui n’exclue pas, là encore, quelques «marges de manœuvre». Pays recouvert, à 63% par des massifs forestiers, la Finlande a ainsi obtenu un quota supplémentaire de 10 millions de tonnes équivalent CO2 poru la période 2021-2030. A l’instar du RRE, les Etats membres pourront utiliser leurs excédents de quotas pour compenser une trop grande utilisation des terres ou des forêts (réduisant par là-même leurs puits de carbone).
Après les accords obtenus à Luxembourg, les négociations en trilogue vont pouvoir commencer pour les deux projets de règlements.
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
Climat: l’OACI s’engage à ne pas se presser
07/10/2013
Pataquès énergétique au Canada
03/09/2018
Coup de pouce donné à François de Rugy
05/09/2018
Climat: Bruxelles veut doucement renforcer son ambition
30/07/2018
La Cour suprême donne son feu vert au procès climatique contre les Etats-Unis
31/07/2018
Climat: un surprenant classement des compagnies pétrolières
01/08/2018