Climat: la Colombie prend un engagement historique
Le 27 novembre 2020 par Valéry Laramée de Tannenberg
DR
Bogota propose de stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030. Une rareté mondiale.
La saison des engagements climatiques est-elle ouverte? Un an avant l’ouverture du prochain sommet mondial sur le climat (la COP 26, à Glasgow), il est encore un peu tôt pour le dire. Cela ne rebute pas Ivan Duque.
Dans une allocution télévisée, le président de la république de Colombie a annoncé, le 27 novembre, un rehaussement sensible de l’ambition climatique du pays.
La prochaine contribution nationale volontaire (NDC 2) prévoira, a-t-il annoncé, une diminution de 51% des émissions, en 2030, par rapport au scénario de référence (BAU). Mais encore ?
+ 30 ou + 57 % ...
Esquissé dans la première NDC, publiée en 2015, ce scénario BAU annonce une hausse de plus de 30% des émissions carbonées entre 2015 et 2030. Ou de 57%, en prenant comme point de départ 1990, année de référence onusienne.
En investissant dans l’efficacité énergétique de l’industrie, des logements et du tertiaire et surtout dans le captage du grisou des mines de charbon et de exploitations pétrolières, la première NDC prévoit de baisser de 20% les émissions en 2030 par rapport au scénario tendanciel. A condition toutefois que les aides internationales soient au rendez-vous.
... ou stabilisation?
Même s’il reste encore imprécis (notamment dans la taille des puits forestiers pris en considération), le nouvel engagement présidentiel est des plus ambitieux. «Il permettrait de stabiliser, en 2030, les émissions colombiennes au niveau de ce qu’elles étaient en 2010», estime le climatologue Yann Robiou du Pont. Un niveau finalement très proche de ce qu’il était aussi en 1990, à en croire l’inventaire national des émissions de GES.
Autre façon d’apprécier l’annonce du gouvernement colombien sa contribution au réchauffement. Selon les calculs de Yann Robiou du Pont, le scénario BAU colombien participe à un réchauffement du climat mondial de 3 °C. La nouvelle NDC, en revanche, stabiliserait le réchauffement à 1,6°C.
«Pour que l’Union européenne, suive une ambition similaire, alignée avec un réchauffement à 1,6 °C, il lui faudrait viser 65% de réduction d’émission entre 1990 et 2030», indique le climatologue Yann Robiou du Pont. Nous n’en sommes pas là.
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