Climat: l’adaptation, une autre inégalité Nord-Sud
Le 02 mars 2016 par Romain Loury
Climate Central
Le financement de l’adaptation au changement climatique progresse dans les grandes métropoles, mais reste très en-deçà des besoins dans les pays du Sud, révèle une étude publiée dans Nature Climate Change.
Les grandes villes ont-elles conscience des risques du changement climatique? Tout porte à le croire, à la lecture de l’étude menée par Lucien Georgeson, de l’University College London, et ses collègues sur 10 d’entre elles. Ces dernières années, le financement consacré à l’adaptation est en hausse pour l’ensemble d’entre elles, de l’ordre de 3% à 4% par an.
De fortes disparités existent toutefois: dans l’absolu, c’est New York qui domine, avec 2,11 milliards d’euros affectés à l’adaptation en 2014-15, soit 108 fois plus que les 19,6 M€ de la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.
Pékin vraie première?
Rapporté au produit intérieur brut, c’est Pékin qui arrive en tête avec 0,33%, bien devant Londres, New York et Paris, toutes entre 0,22% et 0,23%. La capitale chinoise fait d’ailleurs figure d’exception dans les pays émergents et en développement (dont les capitales se situent entre 0,14% et 0,16%), ce que les chercheurs imputent à la forte centralisation politique de la Chine.
En revanche, c’est Paris qui l’emporte pour le financement rapporté au nombre d’habitants, avec 516 € par tête. New York arrive en deuxième position à 251 €, tandis qu’Addis-Abeba et Lagos (principale ville du Nigeria et d’Afrique) se situent aux environ de 6,5 € par tête.
Des priorités différentes
Les chercheurs observent de légères nuances dans l’affectation de ces fonds: au Sud, ils sont plus souvent affectés à l’agriculture et à la forêt (environ 4%, contre 1% dans le Nord), voire à la santé comme à Addis-Abeba et à Lagos.
Les pays développés favorisent plutôt l’eau (entre 15% et 18%, contre 13% au Sud) et l’énergie (de 8% à 9%, contre 6% à 7% au Sud). Là encore une exception, Pékin consacre 48% de son financement au bâtiment, contre 31% à 35% pour les 9 autres villes.
Une adaptation plus matérielle qu’humaine
Au vu de ces résultats, «l’adaptation semble largement influencée par des besoins, liés au marché, de protéger un capital physique, plutôt que des populations à risque», constatent les chercheurs. En termes de préparation aux catastrophes climatiques, New York a dépensé 27,7 M€ en 2014-15, contre 260.000 € pour Addis-Abeba.
Selon l’équipe, «les métropoles des pays en développement et émergents ne disposent pas d’assez de ressources pour l’adaptation, au vu de leurs populations actuelles et futures. C’est particulièrement inquiétant pour des villes comme Jakarta et Lagos», aussi peuplées qu’exposées au réchauffement climatique.
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