Ce charbon que nous cache la Chine
Le 29 septembre 2016 par Valéry Laramée de Tannenberg
Runh
Pour soutenir son industrie lourde et son secteur bancaire, Pékin exporte massivement des centrales au charbon.
Il n’y a pas si longtemps, des écologistes français décernaient un bon point à la Chine pour ses engagements climatiques. Et sur le papier, Pékin est effectivement un bon élève de la classe carbonique. Après avoir quadruplé ses émissions de CO2 entre 1990 et 2014, l’Empire du soleil levant montre un nouveau visage, plus respectueux de l’environnement.
Relancer l’activité économique
En novembre 2014, Chine et Etats-Unis s’engageaient de concert à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Pékin promettant même de stabiliser ses rejets à l’horizon 2030. Mais ça, c’était avant.
Avant que le ralentissement de l’économie de la seconde puissance mondiale ne plonge le secteur énergétique et l’industrie lourde dans les affres de la surproduction. Une situation qui semble avoir facilité la chasse aux contrats l’export.
Car, si la Chine s’est bien engagée à réduire ses rejets carbonés, elle n’envisage pas de cesser ses exportations de centrales électriques au charbon. Bien au contraire.
80 GWe en projet ou en construction
Une enquête publiée par Chinadialogue (à laquelle a participé Bankwatch Network) montre l’ambition industrielle de la Chine en la matière. Depuis une quinzaine d’années, les industriels rouges avaient supplanté leurs concurrents japonais sur le marché asiatique des chaudières au charbon. Désormais, industriels et banquiers chinois visent le reste du monde.
Selon une étude de la Climate Policy Initiative, les investissements charbonniers chinois, à l’export, se sont élevés de 21 à 38 milliards de dollars, entre 1995 et 2015. Près de 175 milliards pourraient être investis d’ici à 2022. Pour une capacité installée de 80 gigawatts électriques: de quoi émettre 400 à 500 millions de tonnes de CO2 par an. Plus que les émissions annuelles françaises.
Les pays principalement ciblés sont l’Inde (qui prévoit de doubler son parc thermique d’ici à 2031), mais aussi le Vietnam, l’Indonésie, le Pakistan, le Bangladesh, le Cambodge et le Kazakhstan. A mesure que les politiques énergétiques évoluent, de nouveaux prospects se profilent: Turquie, Russie, pays des Balkans.
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