Bruxelles sommée de mettre fin à la déforestation importée
Le 22 octobre 2020 par Romain Loury
VLDT
Le Parlement européen exhorte la Commission à obliger les entreprises à montrer patte blanche en matière de déforestation, avant la commercialisation de leurs produits sur le marché communautaire.
En juillet 2019, la Commission publiait une communication en vue de «renforcer l'action de l'UE en matière de protection et de restauration des forêts de la planète», dans l’objectif de réduire l’empreinte forêt des consommateurs européens. Ceux-ci seraient en effet responsables de 10% de la déforestation mondiale, qu’elle soit liée à la production de bœuf, de soja, d’huile de palme, de cacao, de maïs ou de caoutchouc.
Mercredi 21 octobre, les eurodéputés ont appelé Bruxelles, qui devrait légiférer sur la déforestation importée avant l’été 2021, à obliger les entreprises, mais aussi les banques, à démontrer que leurs produits sont exempts de déforestation ou de violation des droits de l’homme, ce qui deviendrait une condition sine qua non à la commercialisation sur le territoire européen.
Tenus à un devoir de «diligence obligatoire», les opérateurs auraient ainsi obligation «d’identifier, de prévenir et d’atténuer les incidences et les risques environnementaux, sociaux et relatifs aux droits de l’homme afin de garantir la conformité des biens mis sur le marché de l’Union avec un ensemble de critères juridiques et de durabilité», et ce tout au long de la chaîne d’approvisionnement, explique l’eurodéputée allemande Delara Burkhardt (Socialistes & Démocrates) dans un rapport adopté jeudi 22 octobre à 377 voix pour, 75 contre et 243 abstentions.
Des engagements volontaires insuffisants
A ce jour, la lutte contre la déforestation importée dans l’UE ne fait l’objet que d’engagements volontaires pris par les entreprises. Or les efforts «ont été jusqu’à présent plutôt limités et globalement insatisfaisants», estime Delara Burkhardt.
Selon une étude commandée par la direction générale de la justice et des consommateurs (DG JUST) de la Commission, 68% des entreprises et autres parties prenantes interrogées estiment que ces mesures volontaires «ne sont pas parvenues à changer de façon significative» la gestion des incidences sociales et environnementales de leurs activités.
Selon Nicolas Muzi, directeur Europe de l’association Mighty Earth, «les Européens souhaitent de plus en plus être assurés que les aliments qu’ils achètent n’aggravent pas le réchauffement, ne détruit pas les forêts ou n’accélère pas l’extinction des espèces. Au tour de la Commission européenne et des entreprises de faire de même». Réclamant la fin de la déforestation importée, la pétition #Together4Forests lancée mi-septembre par l’ONG a été signée par près de 312.000 citoyens européens.
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