Barrages hydroélectriques: la biodiversité en péril
Le 07 janvier 2016 par Romain Loury

Les barrages hydroélectriques pourraient détruire la biodiversité des grands bassins fluviaux: dans une tribune publiée ce jeudi 7 janvier dans la revue Science, des biologistes tirent la sonnette d’alarme et demandent que les projets soient mieux évalués.
A eux trois, l’Amazone, le Mékong et le Congo renferment environ un tiers des espèces de poissons d’eau douce au niveau mondial, dont la plupart sont endémiques. Or selon Kirk Winemiller, de l’université Texas A&M à College Station, et ses collègues, ces trois grands fleuves font l’objet de plus de 450 projets de barrages hydroélectriques.
Des projets qui, bien qu’ils répondent à de réels besoins énergétiques, présentent «des bénéfices économiques surévalués, et des effets à long terme sous-estimés sur la biodiversité et la pêche», estiment les chercheurs. Entrave à la migration des poissons, les barrages perturbent leur cycle de vie. Résultat: faute de captures suffisantes, de nombreux pêcheurs seraient obligés de se reconvertir à l’agriculture.
Un risque de déforestation
Publiée en 2012, une étude australienne révélait ainsi que les 88 projets prévus d’ici 2030 sur la portion thaïlandaise du Mékong entraîneraient une hausse de 19% à 63% des surfaces agricoles, au détriment des forêts. Pas évident que le bilan carbone de ces énergies renouvelables soit si positif.
Les barrages ont aussi des effets de plus longue portée: en bloquant les sédiments, ils diminuent l’écoulement des nutriments, avec des effets néfastes sur les écosystèmes des deltas, des estuaires et jusqu’en mer. Avec des effets là aussi sur les pêcheries, une fois de plus au risque d’inciter à la déforestation côtière.
Des évaluations superficielles
«Plusieurs pays en développement des zones tropicales ne disposent pas de protocole d’évaluation des projets hydroélectriques, et nombreux sont ceux à exempter les petits barrages (moins de 10 Mégawatt) de tout processus de décision», expliquent les chercheurs.
«Même lorsqu’une évaluation d’impact environnemental est effectuée, des millions de dollars sont dépensés dans des études sans aucune influence, car elles sont souvent menées à terme alors que la construction est déjà en cours», concluent-ils, appelant à des analyses au niveau du bassin, et pas seulement locales.
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