Avec le réchauffement, encore plus de pesticides
Le 12 juin 2014 par Romain Loury
Le réchauffement climatique pourrait accroître le recours aux pesticides, en raison d’une prolifération accrue d’insectes, de champignons et d’adventices. Un phénomène déjà observé aux Etats-Unis dans les champs de soja, comme le révèle une étude publiée dans la revue PLoS ONE.
L’effet agricole du réchauffement et de la hausse du dioxyde de carbone est le plus souvent évalué en fonction des caractéristiques biologiques propres de la plante. En revanche, l’impact de ces changements sur les parasites, et de leur effet propre sur le rendement, est rarement évoqué. Or ils pourraient encore plus proliférer avec des températures en hausse, au risque que les agriculteurs soient amenés à avoir la main encore plus lourde sur les pesticides.
C’est ce que révèle l’étude menée par Lewis Ziska, de l’Agricultural Research Service (ARS) du département américain à l’agriculture (USDA). Le chercheur a analysé, sur la période 1997-2013, l’utilisation de pesticides dans les champs de soja de 7 Etats, à savoir la Louisiane, le Mississippi, l’Arkansas, le Missouri, l’Iowa, le Wisconsin et le Minnesota. Soit 2.100 kilomètres sur une ligne reliant le golfe du Mexique au Canada, avec des températures hivernales allant d’un minimum de -5,1°C en Louisiane à -28,6°C au Minnesota.
Indépendamment de tout autre facteur, notamment la résistance aux herbicides qui s’est élevée en raison du soja OGM, la température minimale s’avère étroitement liée à la quantité de pesticides utilisés: elle va de 6,5 kg par hectare dans les lieux les plus chauds à 4,3 kg/ha dans les plus froids. Au final, les rendements sont similaires dans les 7 Etats.
Analysant l’évolution des températures depuis 1977, Lewis Ziska prévoit même une augmentation à court terme de l’usage des pesticides, avec des nuances d’un Etat à l’autre. Ceux du sud devraient ainsi accroître leur recours aux insecticides et aux fongicides, tandis que ceux du nord devraient devenir consommer encore plus d’herbicides.
Manifestement peu gêné par cette évolution, le chercheur conclut en estimant que cette hausse des pesticides «constitue un moyen de maintenir la production de soja en réponse à l’élévation des températures (…) et à la pression accrue des parasites». Un problème, une solution.
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