Autisme: l’environnement surpasse la génétique
Le 06 mai 2014 par Romain Loury
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L’autisme s’explique pour plus de moitié par des causes environnementales, tandis que ses origines génétiques sont revues à la baisse, selon une étude suédoise publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).
Avec près de 2,05 millions d’enfants inclus, à savoir tous ceux nés en Suède entre 1982 et 2006, l’étude publiée par Sven Sandin, épidémiologiste à l’institut Karolinska de Stockholm, et ses collègues, est la plus large jamais menée sur les causes de l’autisme. Et elle remet en cause quelques idées jusqu’alors en vigueur, notamment une prépondérance des origines génétiques dans ce trouble infantile du comportement.
Les chercheurs ont analysé les 14.516 cas diagnostiqués avec un trouble du spectre autistique -dont près de 5.700 avec un autisme proprement dit-, en fonction des relations de parenté. Comme toute maladie ayant des origines génétiques, le risque d’un enfant s’élève au fur et à mesure qu’il entretient un lien de parenté étroit avec un enfant autiste.
54% de causes environnementales non partagées
Ainsi, le fait d’avoir un cousin atteint d’un trouble du spectre autistique multiplie par 2 le risque d’en être soi-même atteint, tandis que lorsqu’il s’agit de son frère «vrai-jumeau» (jumeau monozygote), le risque est multiplié par 153! Entre ces deux extrêmes, le risque s’élève graduellement, en passant par les demi-frères, les frères puis les «faux-jumeaux» (jumeaux dizygotes).
Selon les chercheurs, la part héritable, à savoir génétique, est de 42%, soit bien derrière la part environnementale, estimée à 54%. Quant aux 4% restants, il s’agit des causes environnementales partagées, par exemple celles qui s’exercent au sein d’une même fratrie.
Avec cette large étude, l’environnement trouve enfin toute sa place parmi les causes de l’autisme: lors de précédents travaux menés sur des jumeaux monozygotes, la part de la génétique avait été estimée jusqu’à 90%!
Une maladie en hausse
Ce chiffre, désormais bien dépassé, permettait difficilement d’expliquer la hausse des cas d’autisme: aux Etats-Unis, les derniers chiffres font état d’un enfant sur 68 atteint à l’âge de 8 ans, soit 123% de plus qu’en 2003 (voir le JDLE) [1]. Parmi les possibles origines environnementales de l’autisme, la pollution chimique, notamment les perturbateurs endocriniens, mais aussi la pollution atmosphérique.
Publiée dans la même édition du JAMA, consacrée à la médecine pédiatrique, une autre étude révèle l’explosion du diabète chez les enfants américains. Entre 2001 et 2009, celui de type 1 («insulinodépendant») a grimpé de 21,1% chez les 0-19 ans tandis que celui de type 2 («non insulinodépendant») a augmenté de 30,5% chez les 10-19 ans.
[1] Cette augmentation pourrait être aussi bien liée à un meilleur diagnostic, en raison d’une conscience accrue des professionnels de santé, qu’à une réelle hausse de la maladie.
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