Archiver la glace pour les générations futures
Le 06 septembre 2016 par Valéry Laramée de Tannenberg
Sarah Del Ben/UGA Foundation
Une équipe franco-italienne de glaciologues veut collecter des échantillons de glaciers du monde entier pour les chercheurs des prochaines générations.
C’est une opération inédite à laquelle viennent de se livrer des chercheurs français et italiens dans le massif du Mont Blanc. Dans les derniers jours du mois d’août, ces glaciologues ont collecté trois carottes de glace sur le col du Dôme, à plus de 4.300 mètres d’altitude. But de l’opération: préserver la mémoire environnementale de la région.
Des livres d’histoire climatique et environnementale
«Les glaces de glacier sont les livres d’histoire de la composition régionale de l’air et du climat, explique Jérôme Chappellaz, le glaciologue français à l’initiative du projet. Or nous constatons, en plus de leur recul, que la couche de neige superficielle des glaciers fond durant l’été. L’eau percole ensuite dans les couches inférieures, balayant tout leur potentiel scientifique. C’est un peu comme si l’on effaçait 150 ans d’informations enregistrées sur une bande magnétique.»
Longues d’une centaine de mètres, les carottes-patrimoine ont vocation à être stockées, vers 2020, dans une cave qui sera creusée tout exprès, à proximité de la base franco-italienne Concordia située en Antarctique. «L’Antarctique est le meilleur congélateur du monde», sourit le directeur de recherche au Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (Université Grenoble Alpes/CNRS).
En partenariat avec des scientifiques locaux, l’équipe du programme ‘Mémoire de la glace’ effectuera d’autres carottages sur le glacier bolivien Illimani, à 6.300 m, ainsi que sur deux glaciers des Alpes italiennes. En attendant mieux.
Mécénat privé
Car l’une des autres particularités du programme franco-italien est d’être entièrement financé par des mécènes privés[1]. «Les carottes serviront aux prochaines générations de scientifiques. Ce qui explique que leur préservation n’intéresse pas les bailleurs de fonds traditionnels de la recherche qui ont besoin de résultats en quelques années.»
Pour collecter les carottes-patrimoine sur une quinzaine d’autres glaciers du monde, il faudra donc trouver de nouvelles ressources financières. Et rapidement. «Même si la situation varie selon les régions, je ne pense pas que nous disposions de plus de deux décennies avant que la glace des grands glaciers aie trop fondu pour pouvoir être exploitée scientifiquement.»
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