Antarctique: et si la France montrait l’exemple?
Le 29 octobre 2020 par Valéry Laramée de Tannenberg
Stephen Hudson
En 2021, la France présidera la réunion annuelle des parties au Traité sur l'Antarctique. L'occasion d'apporter le bas carbone au coeur du continent blanc. L'occasion aussi d'accroître nos connaissances sur un monde dont dépend le niveau des mers à l'échelle planétaire.
En 2021, la France sera présidente. Trente-deux ans après sa dernière prestation, Paris présidera, en juin prochain, la réunion annuelle des parties au Traité sur l'Antarctique. Composé des représentants des 29 Etats avec droit de vote (les parties consultatives, dont la France) et de 25 parties non consultatives (sans droit de vote), ce gouvernement du continent blanc a de lourdes responsabilités: réguler les activités scientifiques et touristiques.
Faire vivre aussi, l’esprit et la lettre du protocole de Madrid qui encadre, depuis 30 ans, la protection de l’environnement de l’Antarctique. «Un sujet majeur, explique Jérôme Chappellaz. Car, c’est de l’Antarctique que dépend le futur du niveau des mers à l’échelle planétaire.»
Si la France peine encore à produire sa feuille de route, les chercheurs imaginent quelles pourraient être les priorités de la présidence française de l’Antarctique. «Nous pourrions, par exemple, mettre en place les moyens d’étude nécessaires pour justifier des aires protégées poussées par la France, ce qui contribuerait à l’atteinte de l’objectif de protection de 30% des aires terrestres et marines visé lors de la prochaine réunion de la convention sur la diversité biologique», propose le directeur de l’institut polaire français Paul-Emile Victor (Ipev).
renouvelable et bas carbone
La France pourrait aussi montrer l’exemple. «Le plan de relance prévoit d’allouer 4 milliards d’euros à la rénovation des bâtiments publics. Avec quelques dizaines de millions d’euros, nous pourrions faire de la station Dumont-Durville une installation modernisée et neutre en carbone», souligne l’ancien collaborateur de Claude Lorius. Dit autrement, il faudra reconstruire la plus ancienne base française antarctique et la rendre autonome en énergie renouvelable.
Reste à concevoir des éoliennes capables de résister aux vents catabatiques, dont les rafales frôlent parfois les 200 km/h. A plus de 1.000 km de là, la base franco-italienne Concordia aurait, elle aussi, besoin d’un coup de jeune et d’énergies décarbonées. Avec son ensoleillement insolent pendant l’été austral, une centrale photovoltaïque, couplée à des systèmes de stockage d’énergie, pourrait s’envisager.
des jours d'Astrolabe
La logistique n’est pas tout. Elle est au service de la science. Et le paléoclimatologue aimerait donner un coup de pouce à ses collègues. Par exemple, en aidant les ornithologues de la Terre Adélie à s’appuyer sur des robots; petites machines qui dérangent moins les colonies de manchots que les scientifiques en doudoune.
Dans l’océan entourant l’Antarctique, la science française a baissé son pavillon, faute de navire océanographique. Incapable de financer l’achat d’un brise-glace dédié, la Recherche tricolore pourrait bénéficier un peu plus de l’existant. «Nous pourrions affréter une à deux semaines de plus par an l’Astrolabe, le navire armé par la Marine nationale avec lequel nous ravitaillons la station Durmont-Durville durant l’été austral, pour effectuer des recherches océanographiques», suggère l’initiateur du programme Ice Memory.
La proposition semble raisonnable. Nombre de pays «antarctiques», comme la Chine, l’Australie ou l’Italie, ont renforcé récemment leur flotte de navires dédiés.
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