Alimentation: des régimes qui améliorent la santé et le climat
Le 15 février 2018 par Romain Loury
DR
Il serait possible d’abaisser nos émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine alimentaire jusqu’à 30% sans trop bouleverser nos habitudes de consommation, tout en atteignant une bonne qualité nutritionnelle, révèle une étude française portant sur cinq pays européens, publiée dans l’European Journal of Clinical Nutrition (EJCN).
Comment concilier alimentation équilibrée et sobre en émissions de gaz à effet de serre? Plusieurs études ont en effet montré que les recommandations nutritionnelles ne sont pas toujours vertueuses en matière climatique. Seule certitude, il faudra diminuer nos apports en protéines animales, en particulier de viande rouge, aliment le plus émetteur de GES.
Cinq pays analysés
Complexité supplémentaire, les adaptations requises varient d’un pays à l’autre, selon le régime alimentaire moyen qui y est observé. C’est ce que révèle l’étude menée par l’équipe de Nicole Darmon, de l’unité mixte de recherche «Marchés, organisations, institutions et stratégies d’acteurs» (UMR Moisa, Montpellier)[i], qui a analysé les régimes alimentaires de cinq pays européens (France, Italie, Royaume-Uni, Suède, Finlande), cherchant à les rendre conformes aux recommandations nutritionnelles tout en abaissant leurs émissions de GES.
Plus de fruits et légumes
Point commun entre les cinq pays, il faudra sans conteste diminuer la consommation de produits gras, sucrés ou alcoolisés au profit du groupe des fruits, légumes et féculents pour atteindre les recommandations nutritionnelles. Pourtant, une telle évolution aboutirait à une hausse des émissions, résultat déjà retrouvé lors d’une étude publiée en 2013 par l’équipe: en cause, le fait que les produits gras sont plus denses d’un point de vue énergétique que bien des produits frais.
Moins de viande rouge
A partir de ce régime nutritionnellement idéal, il devient cependant possible d’abaisser les émissions en effectuant des substitutions au sein des groupes d’aliments, ainsi qu’en diminuant la consommation de produits d’origine animale. Mais avec des nuances d’un pays à l’autre, en particulier sur le poisson: la Finlande devrait ainsi en diminuer sa consommation, tandis que la France et l’Italie devraient l’augmenter. En revanche, tous les pays devraient diminuer leur consommation de charcuterie et de viande rouge.
Selon les chercheurs, il serait ainsi possible de diminuer de 30% les émissions de GES de l’alimentation sans trop s’éloigner du régime habituel. Dans les cas extrêmes, les émissions pourraient même être diminuées de 62% à 78%, selon le pays et selon le sexe, mais en s’éloignant très nettement des habitudes alimentaires nationales.
[i] UMR Moisa : Institut national de la recherche agronomique (Inra), Centre de recherche internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), Montpellier SupAgro, université de Montpellier.
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
Air: l’Etat français dans l’antichambre de la Cour de justice de l’Union européenne
27/03/2018
Compteurs ‘communicants’: un risque faible et beaucoup de questions
15/12/2016
En Irak, la pollution de guerre tue aussi
23/08/2016
OSPAR: réduction substantielle des rejets radioactifs dans l’Atlantique Nord-Est
29/06/2016
Mercure: ouverture de la conférence de Minamata
07/10/2013
Philippe Martin présente son programme
22/07/2000