Air: les Aasqa de nouveau inquiètes pour leurs finances
Le 11 juin 2020 par Romain Loury
Si leurs moyens financiers étaient déjà fragiles, les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa) ont fortement souffert de la crise sanitaire. Pour le président d’Atmo France, Guy Bergé, elles seraient même «à la limite de la rupture» si des moyens additionnels ne sont pas rapidement engagés.
Fédérant les 18 Aasqa nationales, Atmo France s’inquiète pour leur avenir, de manière plus aiguë depuis le confinement qui a étreint la France depuis le 17 avril. En cause, une forte baisse de la taxe générale sur les activités polluantes air (TGAP Air), qui contribue à 40% du financement des Aasqa.
Du fait de l’arrêt des activités industrielles, ce sont 4 millions d’euros qui manqueront aux associations cette année. Rien que pour Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, le manque à gagner de la TGAP Air en 2020 équivaut aux salaires de 12 postes, sur les 80 que compte l’association, explique Guy Bergé, contacté par le JDLE.
Des tensions financières récurrentes
Avant même le confinement, la situation des Aasqa était déjà fragile: les revenus de la TGAP Air ont tendance à diminuer, du fait des efforts de dépollution des industriels. Quant aux collectivités territoriales, qui contribuent à hauteur d’un quart du budget des Aasqa, l’open data qui règne désormais sur les données de qualité de l’air pousse certaines à se désengager[i].
Selon Guy Bergé, les associations sont «à la limite de la rupture». Face à l’urgence, Atmo France s’est récemment rendue au ministère de l’action et des comptes publics, pour obtenir une rallonge de 3 millions d’euros dans le cadre du projet de loi de finance rectificative en cours de finalisation. Ce qui, en comptant le million d’euros économisé grâce aux mesures de chômage partiel, permettrait de combler les 4 millions d’euros évaporés de la TGAP Air.
«Je ne comprendrais pas que cela n’aboutisse pas: nous avons mis le pays à l’arrêt pendant deux mois pour des raisons de santé publique, ce qui a permis de sauver des dizaines de milliers de vies. Or la pollution de l’air est responsable, chaque année, de 48.000 décès prématurés en France. Nous ne pouvons pas dégrader nos connaissances, et notre information, en matière de qualité de l’air», estime Guy Bergé.
Des missions qui s’étendent
Malgré cette masse financière «qui stagne, voire qui baisse légèrement», les missions des Aasqa sont appelées à s’étendre. Exemple, la surveillance des pesticides dans l’air (objet d’une récente campagne nationale avec l’Anses[ii]), les particules ultrafines ou les pollens vont prendre une place croissante dans la surveillance des Aasqa. Si ces polluants ont déjà fait l’objet de campagnes, «ils sont mesurés selon les volontés régionales, avec des moyens adéquats: il n’y a donc pas de généralisation, et il existe de fortes disparités régionales», explique Guy Bergé.
De même, la mise en place d’un nouvel indice Atmo, en janvier 2021, amène à adapter le parc dédié à la surveillance, notamment pour les PM2,5. Or «toutes les régions n’ont pas des analyseurs de PM2,5», indique le président d’Atmo France. Au-delà des 3 millions d’euros demandés en urgence, la fédération estime, dans un courrier destiné au premier ministre et dont le JDLE a eu copie, à 30 millions d’euros les investissements nécessaires pour la qualité de l’air, en termes de moyens humains et matériels.
[i] Le ministère de la transition écologique et solidaire contribue aussi au financement des Aasqa, à hauteur d’environ 30%.
[ii] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
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