Agriculture: déconfiture pour l’extension de deux porcheries
Le 24 juin 2016 par Marine Jobert
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Deux projets de ‘fermes-usines’ ont été abandonnés en Gironde et dans le Morbihan, après la mobilisation d’associations et de citoyens opposés à ces porcheries de grande taille.
C’est la déconfiture pour les éleveurs de cochons. Fait rare, deux projets d’extension de porcherie industrielle viennent d’être retoqués. Le premier en Gironde, le second dans le Morbihan. Mais pas pour les mêmes raisons.
Intérêt général prime
A Saint-Symphorien (Gironde), à une heure de route au sud de Bordeaux, un éleveur avait sollicité en 2013 l’autorisation de passer de 7.000 à 12.000 équivalents-animaux[1] et d’augmenter son plan d’épandage. Un projet qui en aurait fait la plus grosse porcherie de Gironde. Il y a deux ans, le commissaire-enquêteur rendait un avis défavorable, tout comme les commissions locales de l’eau, à rebours de celui du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) de la Gironde. Une pétition d’opposants, lancée par la Confédération paysanne Gironde et relayée par l’association Sepanso, avait rassemblé près de 57.000 signatures. Dans cette adresse au préfet de Gironde, il était rappelé que «la majorité des parcelles des plans d'épandage du lisier et du compost se situent en zones vulnérables. (…) Les épandages réalisés dans le bassin de la Leyre sur des sols très perméables ne vont pas améliorer la qualité des eaux du bassin d'Arcachon déjà préoccupante.» Le texte s’achevait sur la demande «de privilégier l’intérêt général plutôt que l’intérêt privé des promoteurs des fermes-usines.» ‘L’usine des 12.000 porcs’ ne verra finalement pas le jour: le préfet de Gironde a annoncé dans un communiqué que, «compte tenu des oppositions multiples et réitérées au projet», les autorisations d’extension ne seraient pas accordées.
Etude d’impact absente
A Priziac, à trois quarts d’heure de route au nord de Lorient, c’est une autre extension qui a été refusée. Objectif: passer de 350 places de truies à 580 et de 3.018 à 4.398 places de porcs charcutiers, ce qui aurait permis de produire chaque année près de 15.500 porcs. Deux permis de construire avaient été délivrés par la mairie, qu’un examen attentif par l’association Eau & Rivières de Bretagne a fait capoter. «Aucune étude d'impact sur l'environnement n'avait été jointe au dossier, contrairement aux obligations prévues par les codes de l'urbanisme et de l'environnement qui fixent à 3.000 mètres carrés le seuil de surface déclenchant cette obligation [pour un projet à 3.772 m2], précise l’association. Une obligation sur laquelle les services préfectoraux du Morbihan se sont assis!» Quelques jours avant l’audience des recours déposés par l’association, le préfet a fait machine arrière et a décidé de retirer le second permis de construire délivré trois mois plus tôt.
[1] Les animaux-équivalents sont définis dans la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Ainsi, une truie vaut trois animaux-équivalents, un porc de plus de 30 kg en vaut un, et un porcelet 0,2, précise Sud-Ouest.
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