85 médecins du Limousin s’engagent contre les pesticides
Le 15 mars 2013 par Marine Jobert
Frédérique Bordes
Ils pratiquent en Haute-Vienne, dans la Creuse et en Corrèze et ils sont inquiets. «L’imprégnation de la population est générale», écrivent-ils dans une lettre dévoilée quelques jours avant la semaine pour les alternatives aux pesticides. «Nous tenons à préciser que nous ne cherchons pas à montrer du doigt une profession, préviennent-ils d’emblée. Mais (…) chacun doit prendre ses responsabilités.» Leur responsabilité de praticiens, selon eux, consiste à «alerter sur les dangers des pesticides», aussi bien pour les utilisateurs que pour la population générale.
«L’imprégnation à ’faibles doses‘ dans la population générale (…) n’est pas rassurante», écrivent les médecins, qui exercent tant en libéral qu’à l’hôpital ou comme médecins du travail. Ils rappellent que les effets de ces substances -qui perturbent le système hormonal des humains comme des animaux- «ne dépendent pas de la dose, mais de la période d’exposition, qu’ils ne sont pas linéaires[1], qu’ils s’ajoutent à ceux d’autres substances (effet cocktail) et qu’ils sont susceptibles d’être transgénérationnels».
Que faire, en attendant de nouvelles études (…) «pour objectiver plus avant ces risques sanitaires que l’on peut craindre dévastateurs»? Interdire les épandages aériens. Réduire les risques pour les populations vivant à proximité des cultures à forte utilisation de pesticides (à l’aide de signalisation sur les routes et les chemins traversant les zones d’épandage, en instaurant des distances de sécurité avec les habitations). Informer les agriculteurs (sur les risques des produits et l’usage des protections individuelles par des institutions distinctes des vendeurs). Soutenir les collectivités territoriales signataires de la charte zéro pesticide et l’agriculture biologique dans les cantines scolaires.
C’est toute une «transition de l’agriculture» qui se profile sous la plume de ces médecins. Une agriculture qui se propose «de stopper et d’inverser le processus de concentration des exploitations et d'y favoriser de manière significative l'accroissement de l'emploi agricole, condition incontournable d’une diminution réellement globale de l’utilisation des pesticides». Pour conclure, ils demandent que la région Limousin «s’engage résolument vers l’objectif d’une réduction de 50% des pesticides à l’horizon 2020».
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