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Entreprises et santé : quelle est la part du contexte professionnel dans l’absence au travail ?

Comme je l’ai déjà évoqué dans un précédent billet, l’absence au travail est un phénomène insuffisamment étudié alors que c’est un riche gisement d’informations utiles pour la prévention. Soit on dispose de grandes données statistiques descriptives comme celle de la Cnam qui fournissent des repères (7,4 Md€ pour le régime général en 2017), mais qui ne permettent pas de comprendre la dynamique et les déterminants de l’absentéisme. Soit on a des micro études qui analysent les causes des absences, mais qui ne portent pas sur des échantillons représentatifs. La publication récente d’une étude par sondage réalisée par l’Ifop pour Malakoff Médéric Humanis (MMH) vient combler ce hiatus.

Un échantillonnage à deux niveaux

Le premier niveau est classique : 925 salariés du secteur privé. L’originalité de l’étude réside dans le second niveau : 1507 salariés du secteur privé qui se sont vus prescrire un arrêt de travail au cours des douze derniers mois comparés à 504 salariés du même secteur n’en ayant pas eu. L’enquête s’est effectuée par téléphone en septembre dernier.

Les principaux enseignements

Le pourcentage de salariés arrêtés au moins une fois est de 44 %. Il est stable par rapport à l’enquête de 2018. Trois fois sur quatre, c’est le médecin traitant qui a fait la prescription. Les principaux motifs d’arrêt sont la maladie ordinaire (36 %), les TMS (25 %), les troubles psychologiques et l’épuisement professionnel (18 %) et les accidents (15 %). Ces motifs varient selon la durée de l’arrêt, la maladie ordinaire dominant pour les arrêts courts et les accidents et troubles psychologiques pour les arrêts longs. Très originales sont les données relatives au rôle du travail dans le phénomène de l’absence. Les arrêts uniquement provoqués par le contexte professionnel représentent 13 % du total tandis que 67 % n’ont aucun motif lié au travail, 19 % ayant un profil mixte. L’autre enseignement majeur est que dans près d’un tiers des cas, l’arrêt de travail n’a pas été consommé ou il l’a été partiellement. Le renoncement à l’arrêt maladie s’explique par la volonté de « ne pas se laisser aller » (39 %), les conséquences financières (37 %) l’impossibilité de déléguer les tâches (22 %), la crainte d’une surcharge de travail au retour (21 %). On note aussi que dans 18 % des cas de renoncement, c’est le souhait de ne pas surcharger les collègues qui est mis de l’avant. De même, 65 % des salariés ont déclaré avoir travaillé au cours des douze derniers mois alors qu’ils étaient malades. Un volet de l’enquête a concerné les dirigeants et leurs déclarations ne manquent pas d’étonner. Ainsi une fois sur deux, l’entreprise aurait mené des actions de prévention sanitaire. De même, une entreprise sur deux aurait un tableau de bord de l’absentéisme. Des résultats qui contredisent un récent sondage de CSA pour Itelis mené auprès de DRH qui indique que 42 % des entreprises n’ont pas de document unique et que 60 % d’entre elles n’ont pas de plan de prévention des risques professionnels.

Quelles leçons ?

L’absentéisme est un phénomène complexe et multifactoriel. Pour les entreprises, il y a des considérations de deux ordres. Le premier est de gérer le niveau global d’absence et sa répercussion sur l’activité. Le second est de savoir quel est le rôle propre du travail dans l’arrêt de travail. L’étude de MMH montre que ce rôle est minoritaire. Cependant, elle montre aussi que la qualité du management influe sur la décision de prendre ou non un arrêt prescrit. Dans tous les cas, les entreprises devraient s’intéresser de près à ce phénomène et l’analyser dans ses causes et ses conséquences dans une démarche bien comprise d’évaluation des risques professionnels.   Vous pouvez échanger et poser vos questions à William Dab et aux équipes Red-on-line dans les commentaires ou sur les réseaux sociaux LinkedIn et Twitter : @HSE_Rol et @DabWilliam. William Dab Professeur titulaire de la chaire d’Hygiène et Sécurité du Cnam où il forme des spécialistes des risques sanitaires du travail et de l’environnement, notamment par une filière d’ingénieur en gestion des risques, William Dab est médecin et docteur en épidémiologie. Sa carrière a été entièrement consacrée à la sécurité sanitaire qu’il s’agisse d’outils d’évaluation, de surveillance et de gestion des risques. Ancien directeur général de la santé, il a été membre du comité exécutif de l’OMS et président du comité européen environnement et santé pour la région Europe de l’OMS. Il a notamment publié « Santé et environnement » dans la collection Que sais-je ? (PUF) et « La Santé et le Travail » chez Arnaud Franel.    

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