Séquestration du carbone: une technique prometteuse
Le 05 février 2015 par Romain Loury

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Des chercheurs américains ont mis au point une nouvelle technique de captage du CO2 dans les centrales thermiques, plus efficace et plus propre que les méthodes actuelles, lors de travaux publiés jeudi 5 février dans Nature Communications.
Technique actuellement la plus utilisée pour le captage-stockage géologique de CO2 (CSC), la monoéthanolamine (MEA), liquide qui transforme le CO2 pour le transformer en carbamates, n’est en rien idéale. Corrosive, libérant des composés toxiques, elle consomme beaucoup d’énergie pour capter le CO2 et être recyclée. Autant de failles qui ont pour l’instant freiné son développement.
Travaillant au Lawrence Livermore National Laboratory (Livermore, Californie), l’équipe de Roger Aines, en partenariat avec des chercheurs de l’université de Harvard, a mis au point un matériau bien plus stable chimiquement, et dont l’efficacité de séquestration du CO2 est même meilleure. L’agent utilisé n’est autre que du bicarbonate de sodium, très peu nocif et peu coûteux, dissout dans de l’eau.
Des microsphères de silicone
Ce que la technique décrite a d’innovant, c’est que le bicarbonate a été encapsulé dans des microsphères creuses de silicone, d’un diamètre allant de 100 à 600 micromètres (µm) – de l’ordre du demi-millimètre. Si la silicone freine en lui-même la diffusion du CO2 vers le bicarbonate, les sphères accroissent la surface de contact à tel point que l’absorption est multipliée par un facteur 10 en leur présence.
Alors que les amines, dont la monoéthanolamine, se dégradent au fil du temps, les carbonates sont plus stables chimiquement et peuvent être stockés indéfiniment, avec ou sans CO2 fixé. La désorption du CO2 s’avère énergétiquement peu coûteuse, à une température allant de 80°C à 120°C, sans endommager le matériau.
Aux Etats-Unis, l’EPA estime que 120 usines recourent actuellement au captage du CO2, l’essentiel des 65 Mt récupérés étant réinjectés dans des puits de pétrole ou de gaz naturel (voir le JDLE). En Europe, la CSC connaît des ratés: mi-janvier, plusieurs électriciens, dont EDF, Gas Natural Fenosa, RWE, Vattenfall, ont annoncé leur départ de la plate-forme Zéro émission (ZEP), invoquant des freins économiques (voir le JDLE).
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