Pour l’EPA, le réchauffement climatique n’existera plus
Le 12 octobre 2017 par Valéry Laramée de Tannenberg

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Au cours des 5 prochaines années, l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) ne s’occupera plus d’énergie, de climat, ni de gestion des déchets.
Le site de l’agence le laissait augurer. Depuis l’arrivée à la Maison blanche de Donald Trump, l’EPA a biffé de ses serveurs les informations concernant le réchauffement. Les données concernant le changement climatique et les gaz à effet de serre (GES) peuvent être consultées dans les archives. Pour très longtemps, peut-être?
Car sous l’impulsion de son administrateur, Scott Pruitt, climato-sceptique notoire, l’agence créée par le républicain Richard Nixon va ignorer le sujet. Au moins jusqu’en 2022. Dans son projet de stratégie 2018-2022, elle annonce vouloir se recentrer sur son ‘cœur de mission’: la protection de la santé humaine et de l’environnement.
Abrogation du CPA
Un paradoxe pour commencer: le document se félicite des résultats obtenus ces dernières années. «Entre 1970 et 2016, les émissions des 6 principaux polluants de l’air[1] ont baissé de 70%, alors que le PIB progressait de 253%», rappelle le document. Pourtant, l’administration Trump entend poursuivre le démantèlement des réglementations environnementales, à l’image du Clean Power Act (CPA). Adopté en 2015, ce texte obligeait les centrales thermiques à réduire d’un tiers leurs émissions de gaz carbonique, ce qui condamnait l’usage du charbon dans la production d’électricité. Il a été abrogé en début de semaine. Restreindre l’usage du charbon, c’est pourtant réduire les rejets de CO2, mais aussi de particules fines ou de mercure. Deux puissants toxiques pour les humains. Qu’importe.
Normes anti-pollution
On ne touchera plus aux sujets ayant trait au climat, à l’énergie (l’EPA a pourtant lancé le programme international d’efficacité énergétique Energy Star en 1992), mais aussi à la gestion des déchets. L’EPA de Scott Pruitt préfère s’intéresser aux normes d’émission pour les véhicules lourds (camions, bus, engins de travaux publics) et à la dépollution des anciens sites industriels.
Plus cocasse, l’EPA se fixe comme l’une de ses plus importantes priorités la réduction de la production et des importations des substances mitant la couche d’ozone, répertoriées dans le titre VI du Clean Air Act. Une autre façon de dire (sans le clamer sur les toits) que Washington mettra en œuvre le protocole de Kigali, lequel prévoit l’arrêt progressif de l’usage et de la fabrication des hydrofluorocarbures (HFC), les plus puissants des GES.
Après le fiasco de Flint, Washington veut moderniser les réseaux d’eau potable. L’EPA pourrait ainsi concevoir des sortes de partenariats publics-privé pour améliorer les réseaux d’adduction d’eau et les systèmes de dépollution.
Conséquence logique du coup de pouce donné au secteur pétrolier par l’administration Trump, son agence fédérale verte prévoit d’accroître ses interventions pour prévenir et nettoyer les pollutions imputables aux infrastructures pétrolières.
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