A Lyon, le le pisé prend de la hauteur
Le 01 août 2019 par Victor Miget
Clément Vergély architectes.
Construire en pisé. La technique ne date pas d’aujourd’hui pour les maisons. Elle est plus rarement employée pour un immeuble en R+3. A Lyon, l’architecte Clément Vergély s’y risque. Visite guidée.
De la terre, presque que de la terre. A Lyon, le pisé, une terre argileuse compressée, a été utilisée afin d’ériger un bâtiment de 11 mètres de haut dans le quartier de Confluence. Mené par Clément Vergely, ce projet architectural se distingue par ses cinq arches, qui font écho aux orangeries du parc de la Tête d'or. Il a d’ailleurs été baptisé… l’Orangerie. Une réalisation au «très bon bilan carbone», explique Clément Vergély, architecte en charge du projet.
La façade de cet immeuble de bureaux de 1.000 m2 sera entièrement réalisée en matériaux biosourcés : pierre, ossature bois et… pisé donc. Un matériau qui devrait inquiéter les fabricants d’isolants. Les propriétés thermo-physiques de ce mélange ancestral de chaux, de terre et de graviers régulent la température mais aussi l'hygrométrie (température et taux d'humidité de l'air).
Un matériau qui régule
L’argile absorbe l’humidité ambiante. Même sec, le pisé contient 1% d’eau (7% à 8% quand il est humide). Quand il fait froid, la condensation entraîne un réchauffement du matériau qui maintient la température intérieure plus longtemps. En été, l’humidité s’évapore et rafraîchit le bâtiment.
Le mode constructif utilisé ici a été créé par Nicolas Meunier. Cet entrepreneur de la Loire tente de faire revivre cette technique oubliée après la seconde guerre mondiale au profit d’autres matériaux comme le béton et l’acier.
Le mur en pisé est conçu en comprimant de la terre argileuse avec du gravier et de la chaux, dans un coffrage. Pour monter les murs, Nicolas Meunier a imaginé une machine capable de manier des blocs jusqu'à 2,5 tonnes. Ils sont fabriqués in situ. Ils sont ensuite empilés les uns sur les autres. Pas moins de 280 blocs ont été nécessaires à la fabrication du bâtiment. Soit 610 m3 de terre.
Un matériau écolo
Econome en énergie, le pisé n’a pas besoin de cuisson. La préfabrication sur site réduit au strict minimum le transport. D’autant que, pour cette réalisation: «pour récupérer le pisé, nous n'avons fait que 30 km par camion». Malléable, la technique ne nécessite pas d’eau, ne produit pas de déchets et, par définition, ne nécessite aucun emballage. Cerise sur le gâteau, il est 100% recyclable. Le bâtiment peut être déconstruit, la terre humidifiée pour reformer d’autres blocs… ou retourner là d’où elle vient.
Matériau miracle? Pas complètement. Le pisé est produit entre le 1er avril et le 30 octobre pour éviter le risque de déstructuration par le gel. Il va donc falloir anticiper et bien organiser son chantier ! Le bâtiment devrait être inauguré en juin 2020 et accueillir ses premiers occupants l’été prochain.
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