Les villes moyennes mettent le cap sur la transition
Le 12 juin 2019 par Stéphanie Senet

De nombreuses villes moyennes ont engagé leur transition écologique. Passage en revue des actions les plus emblématiques, des succès et des obstacles dans un rapport publié le 6 juin par le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET).
Avec une population inférieure à 100.000 habitants, la transition est-elle plus aisée dans les villes moyennes? Pas si sûr, surtout quand la dépendance à la voiture est forte. Des transformations peuvent en tout cas s’opérer assez rapidement, comme le montre la centaine de communes et d’agglomérations étudiées par le CGET.
Première conclusion de cette étude: la transition diffère fortement selon le type de collectivité. Les intercommunalités lancent plus souvent une stratégie globale (55%) tandis que les communes ont tendance à cibler leurs actions (51% ont une ou plusieurs stratégies thématiques).
Des agglomérations misant sur l’énergie et le climat
Concrètement, une agglomération va surtout déployer les énergies renouvelables (95% d’entre elles s’équipent de panneaux photovoltaïques, de réseaux de chaleur ou d’une filière bois-énergie), lancer une politique climatique dans le cadre d’un plan climat air énergie territorial (PCAET)[1], cibler la sobriété et l’efficacité énergétique (87%), viser une production et une consommation responsables (87%), adapter sa politique d’eau et d’assainissement (87%), et sa gestion des déchets (85%). Moins souvent, elle va chercher à préserver la biodiversité de son territoire (72%), le bien-être et la santé de ses habitants (64%).
Des communes ciblant l’énergie et la biodiversité
De son côté, une commune va plutôt miser sur la sobriété et l’efficacité énergétique (97%) et sur la protection de la biodiversité (89%) en raison de ses obligations réglementaires, comme l’interdiction d’utiliser des pesticides et la prise en compte des continuités écologiques dans ses documents d’urbanisme. Elle va aussi s’intéresser à la politique climatique (79%) et à la gestion des déchets (71%). Plus rarement, elle se tournera vers les énergies renouvelables (68%), la production et la consommation responsables (68%), l’eau et l’assainissement (61%) et le bien-être et la santé (58%).
Encore du chemin sur la mobilité
A noter que la mobilité reste un secteur majoritairement investi par ces collectivités (71% des communes et 66% des agglomérations), qui s’appuient sur l’essor du vélo (voies réservées, aides à l’achat, systèmes en libre-service), l’amélioration des transports collectifs (dans le meilleur des cas) et plus rarement la promotion de la mobilité électrique.
Manger un peu mieux ?
Si l’agriculture et l’alimentation sont majoritairement citées par les communes et les agglomérations, la mise en œuvre de projets alimentaires territoriaux concrets reste marginale. Elle ne concerne que 23% des EPCI[2] et 7% des communes. De plus en plus de collectivités mettent toutefois en place des actions isolées efficaces, comme le soutien aux circuits courts, la hausse du bio dans les cantines, la mise à disposition de jardins partagés et de ruches, etc. Avec l’obligation, dans les cantines publiques de servir 50% de produits labellisés dont 20% de bio en 2020 (loi Alimentation), la transition devrait s’accélérer.
Dans tous les cas, la gestion des sols reste le parent pauvre des politiques mises en place. C’est l’aspect le moins abordé dans les villes et agglomérations moyennes (respectivement 50 et 33%).
Oublis et ratés
Autre point noir: les collectivités ont laissé l’aspect social de la transition au bord du chemin. Seules 15% des agglomérations et 20% des communes y ont pensé, en visant le plus souvent la lutte contre la précarité énergétique et plus rarement la gratuité des transports en commun.
Le chemin de la transition n’est pas chose aisée. Ces collectivités ont toutes dû affronter trois obstacles de taille: la dépendance automobile, l’inertie des politiques ou des habitants, et le manque de moyens humains et financiers.
Une bonne nouvelle quand même: toutes tirent un bilan très positif des appels à projets ou labels nationaux, qui offrent crédits et accompagnement technique. Notamment les territoires à énergie positive pour la croissance verte (TPECV), les territoires vélo, les écoquartiers et le label Cit’ergie.
[1] Le PCAET est obligatoire dans toutes les intercommunalités de plus de 20.000 habitants
[2] Etablissement public de coopération intercommunale
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