Les verriers annoncent une hausse de leurs emballages
Le 15 novembre 2004 par Loïc Chauveau
Le verre emballage devrait augmenter de 5%. Il subit de plein fouet la hausse généralisée des matières premières et du pétrole. Les investissements nécessaires pour diminuer les émissions des usines pèsent également sur les coûts de fabrication.
Le secteur verrier est soumis en effet à des normes de rejets autant qu'à des obligations relevant du récent Plan national d'allocations de quotas d'émissions de gaz à effet de serre (PNAQ). Le premier arrêté sectoriel fixant des normes à respecter au secteur verrier date du 14 mai 1993: «ce texte nous donnait jusqu'au 31 décembre 1998 pour réduire drastiquement nos émissions en soufre, en poussière et en oxydes d'azote, rappelle Patrick Tourrand, directeur hygiène, sécurité et environnement de Saint-Gobain emballage. Nos premiers investissements datent de cette période».
Depuis, les normes sur le soufre, les poussières et les oxydes d'azote ont été renforcées avec l'arrêté sectoriel du 12 mars 2003. Elles devront être respectées au 31 décembre 2008. Pour se conformer à l'arrêté, les verriers ont trois principaux moyens d'action. En sortie de cheminée, les électro-filtres permettent d'abattre les teneurs en souffre: «il faut compter entre deux et trois millions d'euros par tour de lavage de fumée», précise Patrick Tourrand. Saint-Gobain compte ainsi neuf usines produisant plus de 20 tonnes de verre par jour qui devront être équipées. La réduction d'oxydes d'azote s'obtient par une optimisation de la conception des brûleurs de four afin d'éviter les «points chauds» et garder une température homogène de 1600 degrés. Pour ce faire, de nouvelles technologies de brûleurs existent mais elles ne peuvent être installées que lors du remplacement des fours qui ont une durée de vie de dix ans.
La réduction de CO2 imposent des investissements d'une autre nature. «On ne peut agir que sur la matière première par décarbonatation des calcaires et dolomies, explique Patrick Tourrand. D'où l'intérêt d'utiliser le calcin provenant du verre recyclé, car la décarbonation a déjà été opérée lors de la première fabrication». Par ailleurs, chaque tonne de calcin permet d'économiser 100 kilos de fuel, 40 kilos par économie d'énergie et 60 kilos par évitement de frais d'extraction, de transport et de transformation de la matière première. L'an dernier, l'industrie a enfourné deux millions de tonnes de verre recyclé soit près de 50% de la production. Certains fours fonctionnent même à 90% avec du calcin.
Cependant cette utilisation à grande échelle bute sur la qualité du tri du verre recyclé. Les verres sont en effet de différentes couleurs suivant les usages. Cela freine l'obtention d'une qualité homogène de calcin. Certaines villes ont tenté des expériences auprès des ménages pour leur faire trier le verre par couleur. Mais on s'oriente vers la création de centres de sur-tri du verre afin de produire du calcin d'excellente qualité. Ces plates-forme représentent des investissements futurs non négligeables.
Dans le PNAQ, le secteur verrier se voit imposer une réduction de ses émissions de 4,1% d'ici 2007. Le secteur regrette amèrement que la période de référence sur laquelle s'appuie cette réduction court de 1998 à 2002. Car les efforts de réduction des émissions entrepris lors du premier arrêté sectoriel ne sont pas pris en compte. La marge de progrès des industriels est donc, selon leurs dires, relativement étroite.
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