Les systèmes de tarification du carbone séduisent
Le 26 mai 2015 par Aude Massiot

Kris krüg
Un nouveau rapport de la Banque mondiale, publié le 26 mai, fait état de l’importante avancée des systèmes de monétarisation du carbone dans le monde.
Le rapport de «veille sur la tarification du carbone 2015», publié le 26 mai par la Banque mondiale, indique une multiplication des initiatives nationales et régionales. Actuellement, 40 juridictions nationales et 20 régions, provinces ou Etats ont mis en place un prix du carbone. Elles couvrent au total 12% des émissions mondiales, soient 7 gigatonnes de CO2 par an.
Des initiatives sur tous les continents
Ainsi, dans la seule année 2014, le Mexique et le Chili ont introduit une taxe carbone. La Californie et le Québec ont lié leurs marchés du carbone, auquel s’est joint l’Ontario en avril dernier. Mais ce n’est pas tout. Au 1er janvier 2015, la Corée du Sud a mis en place un système d’échange de quotas d’émission et le Portugal a institué, lui aussi, une taxe carbone. Très attendue, la Chine prévoit de fusionner ses 7 marchés régionaux en un marché national, possiblement en 2016.
Un outil politique prépondérant
Selon la Banque mondiale, la tarification du carbone est, et restera, un outil majeur des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Elle est d’ailleurs mentionnée dans plusieurs «contributions déterminées nationalement» (INDC) pour la COP 21, notamment celles du Gabon et de l’Union européenne.
D’autres pays vont pourtant à contre-sens de ces évolutions. L’Australie a aboli sa taxe carbone le 17 juillet 2014, à l’initiative de son Premier ministre, et la Suisse reste timide sur ses objectifs de réduction d’émission de GES. L’essentiel de l’action de la Confédération consistera à acheter des crédits d’émission internationaux.
Des prix du carbone très variés
Autre observation de la Banque mondiale: les prix du carbone sont très différents d’une entité à l’autre. Ils varient entre 1 et 140 dollars (129 euros) la tonne. Selon une étude d’opinion de l’association pour le commerce international d’émissions (IETA), le prix moyen attendu par ses membres pour 2020-2030 est de 18,40 $ (16,9€), même s’ils recommandent un prix de 29 € pour stimuler largement les investissements dans les activités peu émettrices.
Au 1er avril 2015, les systèmes d’échange de quotas d’émission de GES ont généré un chiffre d’affaires annuel de 34 Md$ (31Md€), par rapport à la même période l’année précédente. Le produit des taxes carbone atteignant 14 Md$ (12,9 Md€).
Le rôle grandissant du secteur privé
L’intérêt des entreprises pour ce type de régulation grandit à mesure que croit leur implication dans les négociations, comme cela a été le cas lors de la Climate Week à Paris. Elles sont de plus en plus nombreuses à intégrer dans leur stratégie des prix du carbone. Aujourd’hui, elles seraient au moins 150.
La Banque mondiale regrette le peu d’ambition des Etats pour mettre en place des systèmes de régulation à l’échelle mondiale. L’étude d’opinion de l’IETA note d’ailleurs qu’un «accord juridiquement contraignant fixant des objectifs pour toutes les grandes économies est considéré comme le plus désirable, mais aussi comme le moins probable à l’issue de la COP 21».
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