Les hommes (pas verts) du président Trump
Le 23 février 2017 par Valéry Laramée de Tannenberg
Public Domain
Le patron de l’EPA et le probable conseiller scientifique du président sont ouvertement climato-sceptiques. Ce qui n’est pas sans provoquer quelques remous dans l’administration ou les laboratoires.
Au cours de son premier entretien accordé à la presse après son élection, le président américain a été très clair: il a «l’esprit ouvert» sur le changement climatique et sur d’autres thématiques environnementales. Il n’en reste pas moins que certains de ses collaborateurs sont considérés comme des dangers pour l’environnement.
Prenons William Happer. Ce brillant physicien nucléaire de 77 ans, spécialiste du pompage optique, a une vision très particulière du changement climatique. En février 2009, ce professeur à l’université Princeton avait indiqué, devant une commission parlementaire, que la hausse de la concentration atmosphérique de CO2, en favorisant la croissance des végétaux, était en tout point «bénéfique pour l’humanité».
Le CO2, c’est bon pour les plantes
Bien évidemment, le (peut-être) futur conseiller scientifique du président Trump ne voit pas l’once d’une relation entre la combustion de produits fossiles et l’accroissement de la teneur en gaz carbonique, ni entre cette modification de la composition de l’atmosphère et le renforcement de l’effet de serre. Il ne risquera donc pas de contrarier le locataire de la Maison blanche à ce sujet.
Plus inquiétant, sans doute, est Scott Pruitt. Après une petite bataille parlementaire, l’ancien avocat général de l’Oklahoma a finalement vu validée par le Sénat sa nomination à la tête de l’agence fédérale de protection de l’environnement (EPA), le 17 février. Au grand dam des 15.000 fonctionnaires de sa nouvelle administration. Dans les jours qui ont précédé le vote des sénateurs, tous les syndicats de l’EPA ont imploré les parlementaires de rejeter la candidature de ce climato-sceptique. Une demande appuyée par une pétition qui a réuni 700 signatures de fonctionnaires.
Entreprises et magistrats
Comme ancien représentant de l’accusation, Scott Pruitt a poursuivi à 14 reprises l’EPA; estimant que l’agence basée à Washington outrepassait ses droits en régulant les émissions de gaz à effet de serre ou les pollutions imputables à l’industrie pétrolière. Une industrie qu’il connaît d’ailleurs mieux que personne. Une enquête publiée par The Intercept conclut qu’une quinzaine d’entreprises ayant financé les campagnes électorales de Scott Pruitt (Continental Resource, Peabody, Monsanto, par exemple) ont été poursuivies ou sanctionnées à des centaines de reprises par… l’EPA.
Pour en avoir le cœur net, le Center for Media and Democracy (CMD) a obtenu, via une décision de justice, d’accéder à la correspondance de l’ancien ministre. Mercredi 22 février, le CMD a mis en ligne plus de 7.500 courriels de l’ex-Attorney General. Verdict: le cabinet de Scott Pruitt coordonnait étroitement ses actions avec celles de l’industrie pétrolière, surtout quand celle-ci était dans le besoin. D’autres révélations sont attendues pour la semaine prochaine.
En plus d’être un juriste ayant fait l’essentiel de sa carrière contre l’EPA, Scott Pruitt entend désormais la museler: «Les Américains sont fatigués de voir que les entreprises consacrent des milliards de dollars pour se conformer aux règles inutiles de l’EPA. J’entends diriger cette agence de sorte à protéger l’environnement et à libéraliser les activités des entreprises américaines», a-t-il indiqué lors de sa nomination. «L’arrivée de Pruitt va provoquer un bain de sang», a réagi Christine Todd Whitman, ex-patronne (républicaine) de l’agence.
L’homme de l’Oklahoma n’est pas non plus un chaud partisan du Global Warming. Passé au gril des sénateurs, il s’est contenté d’affirmer que la question n’était pas scientifiquement tranchée. Ce n’est pas ce que dit (encore) le site de l’EPA. Bien que certaines pages du chapitre Climate Change aient été caviardées, ces derniers jours. En attendant pire.
[1] CNRS: Centre national de la recherche scientifique; Inserm: Institut national de la santé et de la recherche médicale; CEA: Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives; Inra: Institut national de la recherche agronomique; Inria: Institut national de recherche en informatique et en automatique
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