Les 3 x 20% européens ne seront pas tenus
Le 24 mars 2011 par Valéry Laramée de Tannenberg
L’Europe ne parviendra pas à améliorer sensiblement son efficacité énergétique. A moins de rendre contraignant cet objectif du Paquet Energie Climat.
L’une des plus belles ambitions environnementales européennes est en train de tomber à l’eau. Le 12 décembre 2008, l’Union européenne se dote d’un ambitieux programme énergético-climatique. Grâce à un train de directives et de règlements, les 27 prévoient de réduire de 20% leurs émissions de gaz à effet de serre, entre 1990 et 2020.
Pour y parvenir, le Paquet Energie Climat (PEC) prévoit notamment que 20% de l’énergie finale soient produites à partir de sources utilisant des énergies renouvelables et que l’efficacité énergétique progresse de 20%.
- 20% de GES, 20% d’énergies renouvelables, +20% d’efficacité énergétique: le concept du 3 x 20 était né. Et il a guidé le travail des législateurs de l’Union. En France, le Grenelle Environnement a doté la France des règles et des outils nécessaires pour être dans les clous de 2020.
Mais la crise est passée par là. Et la volonté politique des débuts s’est sensiblement émoussée. Ce qui laisse craindre que l’Europe ne tiendra pas ses engagements de 2020.
Ce sera déjà difficile pour les énergies renouvelables (ENR). Certes, a récemment reconnu l’agence européenne de l’environnement, les plans nationaux de développement des ENR permettront de tenir le cap fixé par le PEC. Pour autant, il faudra que les 27 accroissent, en moyenne, de 6% par an leur parc de «centrales vertes». Pas gagné, alors que la Grèce, l’Irlande, le Portugal sont au bord de la faillite. Moins endettée, la France a, elle aussi, du mal à suivre. «Nous installons un millier de MW éoliens, chaque année. Or, pour tenir les objectifs du Grenelle, nous devrions mettre en service 1500 MW par an», rappelle-t-on dans les couloirs de la direction générale de l’énergie et du climat.
Dernièrement, des voix se sont inquiétées de la lenteur des 27 à améliorer leur efficacité énergétique. Au début du mois de janvier, le président de la Commission, José Manuel Barroso et son commissaire à l’énergie, Günther Oettinger, n’ont pas caché leur [ JDLE]. Le patron de l’exécutif communautaire affirmant même que l’Europe ne réaliserait, au mieux, que la moitié des économies d’énergies prévues.
Une vision partagée par les associations. Dans un rapport publié ces jours-ci, le réseau européen des associations traitant du changement climatique (CAN Europe) indique que les annonces officielles pourraient être même en dessous de la réalité: «La situation pourrait être pire, si la récession n’avait pas réduit l’activité économique. En fait, l’impact des politiques publiques ne permettra d’atteindre que le tiers de l’objectif visé.»
Pourtant, aux yeux des environnementalistes, l’efficacité énergétique est parée de mille vertus. S’appuyant sur des rapports officiels, ils rappellent que l’atteinte des 20% permettrait de créer 2 millions d’emplois, de réduire les factures des 50 à 125 millions d’Européens qui vivent en état de pauvreté énergétique. Mieux consommer l’énergie permettrait aussi de réduire la dépendance énergétique de l’UE vis-à-vis des pays producteurs de pétrole et de gaz. Enfin, la moitié de la réduction d’émission de GES pourrait être le fruit des économies d’énergie.
Pour tenter d’inverser la tendance, les ONG européennes préconisent de rendre contraignant (au même titre que les 20% d’énergies vertes) l’objectif des 20% d’efficacité énergétique.
Une proposition qui sera sans doute débattue lors du prochain conseil européen. A moins, bien sûr, que le nucléaire japonais et la guerre en Libye n’éclipsent les priorités européennes.
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
Agriculture: programme sur la qualité de l'air
18/04/2005
La France émet trop d’oxydes d’azote
13/11/2007
Publication de la loi relative aux aéroports
24/04/2005
Eurovignette: prise en compte de l'environnement
25/04/2005
Fuite d'ammoniac chez Picard
26/04/2005