Le marché des quotas de nouveau sous le feu des critiques
Le 10 septembre 2010 par Valéry Laramée de TannenbergLe système communautaire d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre (SCEQE) n’a jamais eu bonne presse chez les environnementalistes. Pas toujours pour de mauvaises raisons d’ailleurs. Au début de la première période d’engagement (2005-2007), nombre d’ONG s’était élevées contre les volumes trop importants de quotas distribués gratuitement aux 12.000 sites industriels assujettis à la directive Quotas. Prémonitoire, cette critique avait précédé de quelques mois l’effondrement du prix des permis d’émission, pour cause de surallocation. L’an passé, l’association Sandbag (sac de sable en anglais, ndlr) avait révélé les respectables profits réalisés sur le marché du carbone par quelques grandes entreprises européennes. Cette fois, l’ONG britannique frappe encore plus fort. Dans une étude, mise en ligne vendredi, elle souligne l’inefficacité climatique du SCEQE pour les années à venir.
Rappelant la contrainte carbone pesant sur les entreprises pour les 5 années de la seconde phase d’engagement (2008-2012), Sandbag estime qu’elle ne devront baisser leurs émissions de GES que de 32 millions de tonnes durant ces 5 années, soit une baisse globale de 0,3%. Parce que la directive européenne autorise les « assujettis » à thésauriser leurs crédits de la seconde période pour la troisième (2013-2020), Sandbag estime que les émissions régulées par le SCEQE pourraient progresser de 34% d’ici à 2016.
Pour éviter une telle faillite, l’association recommande à l’Union européenne d’adopter un objectif de réduction des émissions de 30% d’ici à 2020 (contre -20% aujourd’hui). Sandbag recommande également que la prochaine allocation de quotas se fasse en considérant les émissions réelles et non les allocations passées de crédits, qui sont souvent plus importantes que les rejets physiques. Elle demande enfin d’adapter lesdites allocations aux accidents de l’histoire et notamment aux conséquences de la crise économique. L’an passé, les émissions régies par le SCEQE ont chuté de 11,6%, laissant aux acteurs d’importantes réserves de quotas. Ce qui annule tout effet de rareté, fait baisser le prix du quota à des niveau très faible et n’incite aucunement les sites industriels à investir effectivement dans la réduction d’émission de GES.
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