La palme du gaspillage décernée aux chaluts de fond
Le 18 mai 2018 par Stéphanie Senet
Ifremer
437 millions de tonnes de poissons ont été rejetés en mer par des chaluts de fond au cours des 65 dernières années, selon une étude publiée le 10 mai dans la revue Fisheries Research.
Les chaluts raclant les fonds surpassent toutes les techniques de pêche en matière de gaspillage. Ses rejets en mer de prises accessoires ont atteint 437 Mt entre 1950 et 2014. Soit 60% de l’ensemble des rejets des pêcheries mondiales sur la même période pour 28% des prises seulement (1,5 sur 5,6 milliards de tonnes).
Une pratique subventionnée mais inefficace
Ces bateaux de pêche industrielle traînent de grands filets dans les fonds marins, capturant sur leur passage coraux, lits d’éponge et espèces halieutiques non recherchées. «Les chaluts de fond ont jeté à la mer des poissons qui ne sont pas les plus précieux mais qui sont parfaitement bons pour la consommation humaine. S’ils les avaient débarqués, ils auraient gagné 560 milliards de dollars canadiens (369 Md€). Pire, ces équipements très coûteux ne sont rentables que grâce aux subventions gouvernementales. En résumé, c’est une pratique inutile et inefficace», a commenté Maria Deng Palomares, co-auteure de l’étude.
Gigantesque base de données
Pour mener leurs travaux, l’équipe dirigée par Tim Cashion, de l’université canadienne de Colombie-Britannique, s’est appuyée sur la gigantesque base de données de Sea Around Us[1], qui répertorie et évalue les captures déclarées et non déclarées par pays, technique de pêche, espèce et année.
Retour aux pratiques artisanales?
«Si les pêcheries artisanales, qui utilisent des lignes et de petits filets maillants, recevaient les 35 Md$CA (23 Md€) de subventions accordées au chalutage de fond, elles pourraient embaucher de nombreux pêcheurs, approvisionner davantage de marchés spécialisés et nourrir plus de communautés locales, tout en réduisant les quantités de poissons rejetés ou transformés pour l’alimentation animale», observe Daniel Pauly, co-auteur de l’étude, du projet Sea Around Us. Elles représentent aujourd’hui 23% des captures mondiales.
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