Huile de palme: toujours plus dans le réservoir
Le 06 juin 2018 par Marine Jobert
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Plus de la moitié de l’huile de palme importée en Europe finit dans les réservoirs. Les producteurs français d’huiles végétales aimeraient leur part du gâteau.
En 2008, on en trouvait 825.000 tonnes dans les réservoirs; une décennie plus tard, il s’en consomme 3,9 millions de tonnes. L’huile de palme, qu’affectionnent les carburants depuis 2009 et la réglementation européenne sur les énergies renouvelables, a connu une ascension fulgurante que les derniers chiffres publiés par Oilworld, l’indicateur mondial des marchés des huiles végétales, confirment: les importations qui finissent dans le réservoir ont augmenté de 13,5% pour la seule année dernière. Désormais, près de 51% des importations de cette graisse végétale finissent dans nos réservoirs, contre 45% l’an passé.
«Brûler de l'huile de palme dans les voitures et les camions pour atteindre les objectifs d'énergie verte de l'Europe constitue la chose la plus stupide que nous pouvons réaliser en termes de politique climatique, condamne Laura Buffet, en charge des carburants propres à l’ONG Transport & Environment (T&E). Quelle que soit la façon dont vous le regardez, c'est absurde et nous devons arrêter cela.» Et la jeune femme d’en appeler à la Commission européenne, pour qu’elle soutienne la proposition du Parlement d'éliminer progressivement le soutien au biodiesel de l'huile de palme.
Manifestations le 10 juin
Les négociations sont en cours à Bruxelles pour réviser la directive Energies renouvelables ‘RED II’ pour la période 2021-2030. Dans un contexte où les deux tiers de la croissance du biodiesel en 2017 provient de l'huile de palme, l’agriculture européenne a-t-elle une place à prendre? La FNSEA[1] le pense, qui appelle ses adhérents à manifester le 10 juin partout en France, et notamment devant la raffinerie Total de la Mède (Bouches-du-Rhône), dont Nicolas Hulot a autorisé -«mais pas de gaieté de cœur»- le fonctionnement. Les Amis de la Terre et Greenpeace dénoncent un projet climaticide, qui ferait, avec ses 550.000 tonnes d’huile de palme par an, bondir de 64% les importations françaises. Les adhérents du syndicat agricole majoritaire, eux, préfèreraient pouvoir vendre les huiles végétales qu’ils produisent.
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