En Suisse, la vigne victime d’un fongicide
Le 07 septembre 2015 par Romain Loury
DR
L’utilisation d’un fongicide de Bayer CropScience, le Luna Privilege (Moon Privilege en France), aurait entraîné d’importants dégâts dans les vignes suisses. Des viticulteurs français seraient aussi touchés, particulièrement en Champagne.
C’est ce qui s’appelle un effet contreproductif: utilisé pour lutter contre le botrytis de la vigne (mais aussi contre d'autres maladies sur d’autres cultures fruitières), le Luna Privilege, un fongicide à base de fluopyram utilisé en Suisse depuis 2013, y aurait causé des «symptômes de croissance atypique», avec des feuilles déformées, puis des grains qui ne se développent pas.
En Suisse, plusieurs centaines d’hectares seraient touchés, avec une possible baisse de production de 10% cette année. Les premiers cas auraient été connus «en avril-mai», indique Bayer CropScience. D’autres pays seraient touchés dans une moindre mesure, dont l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie et la France, où le Moon Privilege est commercialisé depuis 2014.
14.000 hectares en France
Contactée par le JDLE, la branche française de Bayer CropScience évoque «quelques cas» survenus en France parmi les 14.000 hectares «protégés» par le produit. Les symptômes ne seraient «pas systématiques» lorsque la vigne est traitée, indique l’entreprise, qui évoque une maladie «multifactorielle».
Parmi les explications avancées, l’utilisation du produit à un stade tardif de maturation du raisin: si la notice suisse du produit n’émet pas de préconisation à ce sujet, la notice française recommande de l’utiliser avant fermeture de la grappe, c’est-à-dire avant que les grains ne grossissent. Autre possibilité, les précipitations pourraient favoriser ces problèmes, indique Bayer CropScience.
En France, la situation est «en cours d’investigation», et un premier bilan devrait être rendu public «fin octobre», indique l’entreprise. Selon l’Institut français de la vigne et du vin, seule la Champagne serait touchée.
Contactée par le JDLE, le directeur de la communication du Comité interprofessionnel du vin de Champagne, Thibaut Le Mailloux, a dans un premier temps «refusé de confirmer ou d’infirmer» l’information, renvoyant la balle à Bayer CropScience. Avant d’ajouter «n’avoir aucune crainte ou d’affolement» quant à la situation, bien moins grave qu’en Suisse.
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