En Ontario, un affront aux néonicotinoïdes
Le 15 juin 2015 par Romain Loury
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L’Ontario s’apprête à diminuer fortement l’usage de graines enrobées aux néonicotinoïdes, insecticides mis en cause dans la forte mortalité des pollinisateurs. Une première en Amérique du Nord.
Alors que les Etats-Unis viennent tout juste d’envisager une réévaluation de la toxicité de ces produits, dans le cadre d’une stratégie nationale, présentée mi-mai, pour protéger la santé des pollinisateurs, l’Ontario va passer à l’acte dès le 1er juillet.
Première juridiction nord-américaine à agir contre les néonicotinoïdes, la province canadienne n’autorisera aux agriculteurs l’usage de graines enrobées qu’au maximum sur 50% de leur surface cultivée en soja et en maïs. Des dérogations seront permises en cas de présence avérée d’un insecte ravageur.
Les autorités ontariennes comptent aller plus loin en 2017, l’utilisation de ces graines enrobées devenant strictement soumises à la présence d’un insecte ravageur. Ce qui revient à faire passer ce maximum de 50% à 0%, toujours avec une dérogation.
80% de graines enrobées en moins?
Selon le ministère de l’agriculture de l’Ontario, Jeff Leal, ce plan permettrait de réduire de 80% l’emploi de graines enrobées, actuellement la norme en Amérique du Nord. Aux Etats-Unis, une étude publiée fin mars révélait que près de 80% du maïs y était traité aux néonicotinoïdes, que ce soit via des graines enrobées ou par traitement foliaire.
Comme l’Europe et la France, l’Amérique du Nord est en proie à une forte mortalité des pollinisateurs. Au cours de l’hiver 2013-2014, les apiculteurs de l’Ontario ont ainsi observé une mortalité de 58% au sein de leurs ruches, les incitant à lancer une class action cotre les fabricants Bayer et Syngenta.
Fin mai, le gouvernement français s’est engagé à demander l’extension du moratoire européen sur les néonicotinoïdes. Et ce après quelques péripéties parlementaires, aussi bien au Sénat qu’à l’Assemblée nationale: mi-mars, les députés ont ainsi adopté, dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité, un amendement demandant leur interdiction à partir de 2016. Une mesure qui a peu de chances de résister à l’examen du texte au Sénat.
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